Cette histoire se déroule de 1979 à 2019 et raconte la diversité de la nature humaine avec l’évolution des membres d’une famille. L’auteur met en valeur, avec sa belle galerie d’acteurs de ce drame, la complexité des caractères, les nombreuses possibilités psychologiques qui forge une personnalité.
Mais, son récit n’est pas chronologique, il est découpé en quatre périodes qu’il entremêle. Ainsi, il débute avec des séquences qui se passent entre 2001 et 2013, il continue en remontant le temps pour des actions entre 1986 à 2001 pour terminer son roman dans les années 2019 avec des événements aux incidences bien antérieures.
Mark aménage une maison, qu’il vient d’acheter aux enchères, pour la revendre avant de recommencer ailleurs. Il entend des voisins, dans une villa proche, foutre une raclée à un gamin de huit ou neuf ans. Cette dispute lui rappelle sa propre enfance. Sa mère était morte et avec Darey, son jeune frère, Sam sa petite sœur, ils habitaient avec Pat, leur père. Ce dernier buvait et terrorisait les garçons.
Une femme raconte une histoire qui remonte en 1981 quand, avec Pete, elle est venue fêter leur dixième anniversaire de mariage aux sources chaudes de Hanmer. Elle rencontre une dame désabusée dont le mari boit, la trompe, et a investi toutes leurs économies dans une entreprise de construction qui, d’après elle est vouée à l’échec.
Et ce sont des épisodes de la vie de Davey, de Sam, de Mark, leur parcours dans leur vie, leurs relations plus ou moins tumultueuses avec un père qui a entraîné sa famille dans sa chute et le mystère autour de la mort de leur mère…
Ce roman, dont le titre original est The Waters, se révèle une illustration parfaite de la citation d’Oscar Wilde : “Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent.” Le romancier met en scène les incidences sur la vie des enfants, des choix et des souffrances de leurs parents. Ainsi, ce sont les difficultés de Mark à nouer des relations durables, celles de Sam qui culpabilise face aux déviances de son adolescente…
Le romancier fait également parler les proches, ceux avec qui ces trois héros peuvent être en contact tant sentimentalement que professionnellement. Il explore une méthode peu commune pour guérir l’anorexie.
Une fois encore Carl Nixon, avec cette famille, brosse un superbe portrait de la classe moyenne néozélandaise, et c’est passionnant.
serge perraud
Carl Nixon, Quelquefois, ils leur pardonnent (The Waters), traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Benoîte Dauvergne, Éditions de l’aube, coll. “Noire”, 320 p. — 21,90 €.