Olivier Bocquet & Anlor, Ladies with Guns — Tome 3

“On réus­sit ou on échoue, mais on essaye.”

Elles sont cinq, quatre femmes et une fillette, mal­trai­tées par l’existence et leurs proches : Abi­gail, une jeune esclave noire, Kath­leen, sur­vi­vante d’un mas­sacre par la tribu de Chu­mani, une indienne, Daisy, une ancienne ins­ti­tu­trice irlan­daise, Cas­sie, une pros­ti­tuée. C’est l’adversité qui les réunit. En groupe, elles luttent contre le reste de la société essen­tiel­le­ment mas­cu­line qui peuple l’Ouest en cette fin du XIXe siècle.
Pour se défendre, elles ont dû cau­ser quelques dégâts tant humains que matériels.

Abigail est tom­bée sous la coupe d’un chas­seur de tête, les quatre femmes ont été arrê­tées et emme­nées dans une pri­son. Or la seule qui existe dans le coin est pour les hommes et réunit les pires cra­pules de la région. L’arrivée de ces quatre femmes pro­voque un branle-bas dans l’établissement. Elles sont mena­cées de toutes parts, sou­mises à la bru­ta­lité des gar­diens, à la concu­pis­cence des déte­nus.
La fillette noire doit suivre un entraî­ne­ment bru­tal parce que l’homme, à la suite d’un pari, veut la rendre par tous les moyens per­for­mante dans l’usage des armes.
Face à cette situa­tion inte­nable, les femmes décident de s’évader et tra­vaillent à un plan. Si celui-ci est som­maire, elles l’espèrent efficace…

Prendre les fon­da­men­taux du wes­tern en les détour­nant est l’idée qui ini­tie cette his­toire. Le scé­na­riste réus­sit à les conver­tir pour faire vivre des femmes, deve­nues des guer­rières, dans un uni­vers où elles sont, de tra­di­tion, confi­nées à des rôles mineurs. Avec ces héroïnes aux carac­tères trem­pées, déci­dées à prendre leur vie en main, il pro­pose un récit drôle et tonique sous-tendu par des réflexions fort per­ti­nentes sur la vision machiste qui reste encore si répan­due aujourd’hui. Il mul­ti­plie les actions mus­clées dont elles sont les auteures pour se défendre, que ce soit la fillette confron­tée à un salaud, que ce soit ce qua­tuor de femmes en butte à la force bru­tale. Elles doivent user des mêmes actes que les hommes, tapant, frap­pant, fai­sant preuve d’une pug­na­cité et d’un cou­rage que leurs adver­saires n’ont pas.
Avec un art étu­dié pour mettre ces héroïnes en péril, leur per­mettre, non sans peine ni sans plaies, de s’en sor­tir, le scé­na­riste donne un récit pas­sion­nant, attrac­tif et non dénué d’humour.Les dia­logues pétillants, l’enchaînement des dif­fé­rentes actions signent une belle histoire.

Le tra­vail d’Anlor sur le des­sin, d’Elvire de Cock sur les cou­leurs est d’une grande effi­ca­cité pour relayer la toni­cité du scé­na­rio. Le trait inci­sif, la mise en scène apporte une belle lec­ture. Les teintes, en osmose avec le monde où évo­luent les héroïnes, sont par­faites.
Ce troi­sième album clôt un pre­mier cycle cap­ti­vant avec ces héroïnes sédui­santes, pour l’originalité de l’histoire et pour ce gra­phisme bien dyna­mique fort plai­sant à regarder.

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serge per­raud

Oli­vier Boc­quet (scé­na­rio), Anlor (des­sin) & Elvire de Cock (cou­leur), Ladies with Guns — Tome 3, Dar­gaud, jan­vier 2024, 72 p. — 16,50 €.

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