Quand l’exploitation outrancière des richesses naturelles…
Avec cet album, les auteurs ouvrent un nouveau cycle prévu en trois tomes. Le récit débute quelques années plus tard avec une héroïne devenue maman. Si elle est toujours en compagnie de Tuco, ce mécanicien hors-pair, on retrouve Skaël, le nouveau venu à la fin du cycle précédent.
Sur Tishala la Verte, les forêts éternelles sont remplacées par des océans de silice. Un homme court dans le désert poursuivi par un chien. Une silhouette allongée sur le sol vise la cible lointaine. Des commentaires dans le public mettent en doute sa réussite. C’est trop loin avec une seule balle. Alors que le chien va attaquer le fuyard qu’il a rejoint, il est abattu. Mony a réussi le test. Dénommée Main-Rouge, elle intègre une petite armée de Chiens, comme ils s’appellent, commandée par Sans-Peur, un colosse.
Mony et ses amis sont coincés sur cette planète depuis cinq ans car l’UCC Dolores est bloqué. Lune, sa petite fille, souffre dans l’atmosphère acide et irrespirable. Mony doit faire quelque chose et cette opportunité lui apportera l’argent nécessaire à la réparation du vaisseau. Mais rien n’est simple et l’armée quelle intègre est source de dangers. De plus, la mission est périlleuse et elle devra lutter de toutes es forces car…
Didier Tarquin amplifie pour son récit une situation qui commence à être d’une brûlante actualité sur la planète Terre. Tishala était verdoyante. L’exploitation intensive des richesses en a fait un désert de sable où les vents violents déclenchent des tempêtes. Il aborde ainsi l’écologie mais intègre une belle part de mystère et d’actions, mêlant science-fiction et odyssée spatiale. Mais l’imaginaire du scénariste fait florès dans le déroulement de son histoire, dans l’animation des différents protagonistes, à commencer par son héroïne, le pétulante Mony. Elle est restée une tireuse d’élite inégalable. C’est d’ailleurs pour cette raison que Sans-Peur s’attache ses services. Il faut se souvenir de son parcours depuis, qu’à dix-huit ans, elle est sortie d’un couvent qu’elle n’avait jamais quitté pour hériter d’un vaisseau légué par son père, un pirate fameux.
Ce nouveau cycle met en place un récit qui promet de beaux développements compte tenu des prémices révélés par le scénariste.
Fidèle à son art de l’illustration, Didier Tarquin régale ses lecteurs avec un dessin dynamique, des traits affirmés pour camper des protagonistes aux faciès triviaux, aux silhouettes improbables, aux accoutrements d’une belle inventivité. Dans cette fosse commune qu’est devenue la planète, seules Mony et sa fille sont belles.
Les couleurs de Lyse Tarquin rendent palpable le climat torride, l’acidité de l’atmosphère, les toxines que véhiculent les vents. Elle place une fastueuse palette de teintes, rehaussant, si besoin était, un dessin attractif.
Un premier volet déjà fort attractif par la mise en place de nombreux éléments dynamiques, des rebondissements toniques et par son graphisme remarquable.
serge perraud
Didier Tarquin (scénario et dessin) & Lyse Tarquin (couleur), UCC Dolores –t.05 : Les sables de Tishala, Glénat, coll. “24x32”, octobre 2023, 64 p. — 15,95 €.