Fernando Dagnino, Winter Queen

Face aux forces du mal

Dans un récit plus que dyna­mique, Fer­nando Dagnino mêle le fan­tas­tique le plus pur, de l’ésotérisme, qu’il ins­crit dans un schéma de thril­ler. Avec une héroïne qui tra­verse les siècles, un jeune homme qui a raté sa vie, l’auteur donne une his­toire ébou­rif­fante.
Le scé­na­riste retient pour héroïne, une per­sonne authen­tique. Eli­za­beth Stuart est une prin­cesse écos­saise qui épouse Fré­dé­ric V et lui donne treize enfants. Celui-ci, devenu roi de Bohème, et elle sacrée Reine le 7 novembre 1619. Le sacre de son époux déclenche la guerre de Trente Ans. Une défaite les chasse du trône le 8 novembre 1620. Ce qui lui a valu le sur­nom de Reine de l’hiver. Fer­nando Dagnino la dote de capa­ci­tés éton­nantes, qu’elle n’a jamais dû pos­sé­der.
Il l’accompagne d’un anti­hé­ros qui baigne dans une magie qu’il maî­trise mal, voire pas du tout. Mais il pos­sède, lui aussi de bonnes apti­tudes. Cette prin­cesse porte en elle une étrange mais tonique entité qu’Eddie va aider à se maté­ria­li­ser.
Les imbri­ca­tions sont nom­breuses, des fla­sh­backs éclairent peu à peu les racines des situa­tions pré­sentes. L’auteur entoure le couple de héros d’une gale­rie de per­son­nages aux pro­fils bien divers entre les humains ordi­naires et les tenants des forces malé­fiques iden­ti­fiables à leur appa­rence insolite.

Dans l’Egypte ancienne, un prêtre est tué. Son corps éclaté laisse appa­raître un bébé que l’assassin récu­père et appelle Her­mès Tri­me­gis­tus.
À La Nouvelle-Orléans, en 2019, lors d’un orage une jeune femme rousse appa­raît. Elle se sou­vient être déjà venue et se lance dans une pour­suite. Elle est vite tra­quée par la police, ren­sei­gnée par un clo­chard, après la décou­verte du cadavre car­bo­nisé d’un druide qui res­semble fort au prêtre égyptien.

Dans un caba­ret, Chi­cken Man Jr donne son spec­tacle de magie vau­dou, un spec­tacle trou­blé par l’irruption de cette rousse qui, bous­cu­lant le décor, révèle la super­che­rie de voyance. Chi­cken Man, Eddie, a déjà aidé la police pour retrou­ver un assas­sin cou­peur de langues. On lui met le mar­ché en mains pour faire par­ler cette femme. Celle-ci s’appelle Eli­za­beth Stuart. Elle se sou­vient à Prague, en 1619, recher­chant un codex caché par Rudolf, perdre les eaux et accou­cher.
Les évé­ne­ments qui se pré­ci­pitent les obligent à faire cause com­mune et ils se lancent dans une course éper­due pour tra­quer le tueur qui pour­suit, depuis des siècles, son œuvre malé­fique. Ce duo impro­bable peut-il vaincre les forces ances­trales du mal ?

Faisant coha­bi­ter, avec un des­sin réa­liste, des per­son­nages quo­ti­diens et des enti­tés plus étranges, l’auteur met en scène des actions toniques au pos­sible. La mise en page est ordon­nan­cée pour satis­faire toutes les situa­tions, du décou­page clas­sique pour quelques conver­sa­tions à des vues écla­tées pour rendre pal­pable la ten­sion des com­bats.
Les cou­leurs sont exé­cu­tées par Marco Lesko.

Avec Win­ter Queen, Fer­nando Dagnino offre un récit de fan­tas­tique sédui­sant, une his­toire tonique par­fai­te­ment mise en images.

serge per­raud

Fer­nando Dagnino (scé­na­rio et des­sin) & Marco Lesko (cou­leur), Win­ter Queen, Glé­nat, coll. “Hors Col­lec­tion”, août 2023, 144 p. — 19,95 €.

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