Les guerres de religion sous l’angle international
Les guerres de religion seraient de retour, dit-on. Avec leur cortège de haines, d’intolérance et de fanatisme. L’Europe sait, à ce sujet, de quoi elle parle. Elle en a fait la douloureuse expérience au XVIème siècle, comme le rappelle le très intéressant ouvrage collectif dirigé par Nicolas Le Roux.
Sa lecture est à la fois passionnante et éclairante à plus d’un titre.
Tout d’abord, les différentes contributions montrent l’extraordinaire complexité de la question religieuse à l’époque moderne, entre ceux qui s’engagent sans hésitation en faveur d’un courant religieux et ceux qui louvoient, s’interrogent, font des allées et venues.
A cela s’ajoutent le poids absolument déterminant de la politique, de la décision du Prince ou des autorités qui retombe sur leurs sujets. Les cas français mais aussi hollandais illustrent l’imbrication des contingences politiques et religieuses, et on a parfois bien du mal à saisir lesquelles comptent le plus.
Ensuite, l’apport majeur du livre, me semble-t-il, se situe dans l’aspect international de la question religieuse, et même, pourrait-on dire, transnational. La défense de la foi catholique ou protestante ne pouvait se limiter à un seul pays. De véritables internationales se mirent en place, soit au profit des rois d’Espagne, soit à celui de la cause huguenote persécutée en France.
De surcroît, les guerres civiles qui ensanglantèrent plusieurs pays, ou même les simples troubles religieux comme en Angleterre, offraient des occasions d’ingérence qu’ont exploitées sans honte excessive l’ensemble des gouvernements de cette époque.
Le livre confirme enfin l’absence de tolérance religieuse sincère. Les divers traités ou édits de paix religieuses relevaient la plupart du temps du pragmatisme politique ou de la contrainte. Le meilleur moyen en somme de mettre fin à la guerre civile. Il restait difficile pour un souverain d’accepter une pluralité religieuse mettant en cause l’unité de son Etat et, de là, la fidélité de ses sujets. Le principe Cujus regio, ejus religio ne laissait guère de place à la diversité. Le cas anglais est là aussi très symptomatique.
frederic le moal
Nicolas Le Roux (dir.), Les guerres de religion. Une histoire de l’Europe au XVIè siècle, Passés/Composés, Ministère des Armées, septembre 2023, 408 p. — 24,00 €.