Roxanne Bouchard, La mariée de corail

Dans la mys­té­rieuse et loin­taine Gaspésie…

Angel Roberts, trente-deux ans, glisse inexo­ra­ble­ment vers la poupe de L’Échoueuse II, son bateau. Elle est en robe de mariée et com­prend qu’on est en train de la tuer. Mais elle ne veut pas for­cer le des­tin en dénouant la corde, en s’amarrant à son homar­dier.
Ce dimanche matin tôt, Joa­quin Mora­lès est pré­venu que Sébas­tien, son fils aîné, a été arrêté en état d’ivresse. Celui-ci vient vers son père, sous un pré­texte culi­naire, parce que son couple avec Maude bat de l’aile. C’est aussi le cas du couple de Joa­quin. Sarah lui a fait accep­ter un poste à Bon­na­ven­ture, en Gas­pé­sie, assu­rant le retrou­ver. Or, il n’en n’est plus question.

Mar­lène Forest, sa patronne, lui demande d’aller enquê­ter sur la dis­pa­ri­tion d’une femme la nuit der­nière. À contre­cœur, il se résigne à aller à Gaspé. L’Échoueuse II est vite repé­rée. Le corps de la jeune femme reste introu­vable quelques temps. Mais, lorsque celui-ci est retrouvé, la volonté de la noyer est évi­dente.
Joa­quin doit entrer dans l’univers des pêcheurs pour com­prendre les inter­ac­tions entre ces hommes qui vivent de la mer et pour la mer. Il lui faut trou­ver les rai­sons de ce meurtre, démas­quer le cou­pable parmi les nom­breux suspects…

Après Nous étions le sel de la mer (l’aube — 2022) où le ser­gent Joa­quin Mora­lès arrive en Gas­péise, Roxanne Bou­chard pro­pose un nou­veau périple dans cette région. Elle raconte cette région iso­lée du Canada et la popu­la­tion qui y vit. Celle-ci dépend prin­ci­pa­le­ment de la mer qui assure les moyens d’existence. Elle dépeint les lieux et l’univers des marins, des pêcheurs et de ceux qui gra­vitent autour de cette acti­vité éco­no­mique. Elle s’attache à rela­ter les liens entre les habi­tants, les rap­ports, les conflits plus ou moins pro­fonds qui per­durent depuis des années parmi cette com­mu­nauté refer­mée, par obli­ga­tion, sur elle-même.
L’auteure décrit les dif­fi­cul­tés de ces femmes qui veulent être libres de leur acti­vité dans un monde où, par tra­di­tion, elles doivent être relé­guées à des fonc­tions de pro­créa­tion et des tâches ména­gères. C’est la lutte pour s’imposer comme capi­taine d’un bateau de pêche, pour avoir accès à d’autres acti­vi­tés que celles de l’accueil et du secré­ta­riat dans un poste de police.cElle s’attache éga­le­ment à la des­crip­tion des couples, les pro­blé­ma­tiques rela­tions entre les membres.

La mer s’impose comme un per­son­nage à part entière, la roman­cière décri­vant avec soin les mou­ve­ments, les marées et ses effets sur les cou­rants, l’approche de cha­cun par rap­port à elle, avec la pas­sion, voire l’amour qu’elle sus­cite.
Pour ani­mer une intrigue sub­tile, d’une belle qua­lité, elle conçoit une gale­rie de pro­ta­go­nistes atta­chants, de ces gens du peuple, entre pêcheurs, poli­ciers, et en brosse des por­traits sai­sis­sants. Elle n’hésite pas à moles­ter ses per­son­nages, que ce soit phy­si­que­ment où psy­cho­lo­gi­que­ment, bous­cu­lant les sentiments.

La mariée de corail offre un beau moment de lec­ture, la décou­verte d’une région peu pri­vi­lé­giée par les cir­cuits tou­ris­tiques, et le suivi d’une enquête riche en histoires.

serge per­raud

Roxanne Bou­chard, La mariée de corail, édi­tions de l’aube, coll. “Noire”, août 2023, 456 p. — 22,00 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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