Janice Hallet, Le code Twyford

Un polar super­be­ment retord 

Le 19 novembre 2021, l’inspecteur P. Darius, qui enquête sur la dis­pa­ri­tion mys­té­rieuse d’un homme, sol­li­cite l’aide du pro­fes­seur Mans­field, en tant qu’expert en matière de codes. L’iPhone 4 de l’homme sem­blait vide, mais un exa­men appro­fondi a révélé une série de deux cents fichiers effa­cés, des mes­sages vocaux enre­gis­trés pour son fils sur une période de douze semaines.
Un logi­ciel per­for­mant a été uti­lisé pour les déchif­frer. Mais l’analyse n’est pas tou­jours cor­recte. L’inspecteur compte sur l’expertise de Mans­field pour com­prendre cette suite et déchif­frer ce code dont il est fait état…
Et le nar­ra­teur, qui s’appelle Ste­ven Smith, raconte sa vie à ce fils adulte, décou­vert récem­ment et qui, après une pre­mière ren­contre, ne veut plus le voir. Il relate son enfance dif­fi­cile, sa dys­lexie, la classe spé­cia­li­sée de Miss Ile, le livre qu’il trouve dans un bus, un livre des­ti­née à la jeunesse…

Ce roman pré­sente un récit sous une forme très inha­bi­tuelle mais qui se révèle très vite par­fai­te­ment adapté au sujet. En décou­vrant ces fichiers numé­ro­tés et datés, le lec­teur est entraîné à la recherche d’un code inté­gré dans ses ouvrages par une roman­cière pen­dant la Seconde Guerre mon­diale. Ce code don­ne­rait accès à d’importants secrets. S’entremêlent autour de cette pros­pec­tion plu­sieurs intrigues liées au passé de Ste­ven Smith.
Ce der­nier expose son enfance dif­fi­cile, l’attachement à cette ins­ti­tu­trice Miss Ile, explique son inté­gra­tion dans un groupe mafieux. C’est avec la bande à Har­ri­son qu’il com­met un des plus gros casses de l’histoire de la Grande-Bretagne, un butin qui n’a jamais été retrouvé. Ce bra­quage lui vaut de longues années de pri­son qu’il va mettre à pro­fit pour apprendre à lire. C’est en retrou­vant la liberté qu’il va s’attacher, jusqu’à l’obsession, à tra­quer et déchif­frer ce code dont l’existence lui a été révé­lée par son ins­ti­tu­trice. Cette jeune femme, ajou­tant une énigme sup­plé­men­taire, dis­pa­rait mys­té­rieu­se­ment lors d’une sor­tie de classe.

Janice Hal­let construit un roman à sus­pense avec un véri­table jeu de pistes, que celles-ci soient vraies ou fausses, des intrigues à tiroirs. Elle pro­pose une belle invi­ta­tion, dif­fi­cile à décli­ner, à tra­quer le moindre indice, cher­cher les clés d’énigmes, décryp­ter les arcanes cachés dans les textes du nar­ra­teur.
Le décryp­teur n’analyse pas tou­jours cor­rec­te­ment le lan­gage parlé du per­son­nage, c’est ainsi que Miss Ile devient Mis­sile, que l’expression Il y avait devient Yahvé, et puis se trans­forme en épi…

Le mode de pré­sen­ta­tion du récit, les approxi­ma­tions du logi­ciel, voire la cen­sure qu’il applique à cer­tains mots ou expres­sions, donnent du piquant à l’histoire. La ten­sion croît rapi­de­ment avec l’introduction de nou­veaux pro­ta­go­nistes jusqu’à un dénoue­ment imprévisible.

serge per­raud

Janice Hal­let, Le code Twy­ford (The Code Twy­ford), tra­duit de l’anglais par Cécile Leclère, Folio Poli­cier n°993, juin 2023, 464 p. — 9,70 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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