Denitza Bantcheva, Liens de sel

Un air de Méditerranée

Cela fai­sait de longues années depuis la der­nière publi­ca­tion d’un recueil de poèmes de Denitza Bant­cheva (Esquisses autour de la déesse cou­chée, publié aux édi­tions du Revif en 2008), si bien qu’on pou­vait oublier qu’elle est aussi poète.

L
iens de Sel
, qui vient de paraître chez l’Atelier du Grand Tetras, réunit des textes qui ont tous pour point com­mun d’être ins­pi­rés par la Médi­ter­ra­née, mais qui ne relèvent pas for­cé­ment du même type d’impressions, du même état d’esprit ni du même style.
Ainsi, on trouve dans le livre des poèmes plus ou moins brefs ou longs, cer­tains pure­ment lyriques, d’autres phi­lo­so­phiques, d’autres des­crip­tifs et même quelques textes humo­ris­tiques ou satiriques.

La variété du contenu fait que, même si le lec­teur par­court des pay­sages qui se res­semblent, il n’a jamais l’impression que le livre est répé­ti­tif ou mono­tone. « Les esca­liers d’ici des­cendent tou­jours, / même quand on monte, car ils sont tous tour­nés / comme autant de gra­dins d’amphithéâtre / vers un spec­tacle qui ne cesse jamais. » (p. 7).
« Regardez-moi cette lune / pas moins belle qu’à Naples / qui vous fait tout un fleuve / de lueur dans la mer : / l’origine des phares, des pon­tons et de l’encre / sym­pa­thique (allez donc déchif­frer ses vague­lettes) / elle vous donne tout ce qu’elle peut / par une nuit comme celle-ci, / et cer­taines autres nuits / elle sou­rit. » (p.13).

« Ce calen­drier annon­çant les calendes / du temps jadis, cette antique toile cirée / et cette lampe pavoi­sée de tue-mouches / (his­toire de vous rap­pe­ler qu’ici la vie / ne vole pas haut) – qui se serait douté / qu’on pou­vait retrou­ver après des décen­nies, / sous l’un des noms sacrés de l’ancienne Grèce, / à l’identique comme dans un musée / l’auberge vil­la­geoise où mes aïeuls / des­cen­daient à la Tous­saint pour revoir / les tombes des leurs ? » (p.43–44).
Pour accueillir ces très beaux poèmes dont la lec­ture ne man­quera pas de vous faire voyages, l’éditeur a choisi un écrin non moins élé­gant, sur un très beau papier et accom­pa­gné de superbes illus­tra­tions dues à l’artiste Marianne K Leroux.

À conseiller donc aux ama­teurs de poé­sie qui ne partent pas en vacances tout comme à ceux qui partent, le livre étant facile à emporter.

agathe de lastyns

Denitza Bant­cheva, Liens de sel, l’Atelier du Grand Tetras, avril 2023, 50 p. – 14,00 €.

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