Fable écologique mais surtout une introspection profonde de la nature humaine et du rapport de ces humains à leur environnement naturel.
Vers la fin du troisième millénaire, un virus, appelé la Vermine, envahit tout en se propageant par l’eau. Dans Forenhaye, un bastion du royaume du Talion, Billie, une jeune fille semble être immunisée. Le mystérieux Tadeus est intéressé par son cas. Une guerre les oblige à fuir le royaume.
Fait prisonniers, ils sont envoyés dans les mines du royaume de Damoclès, un royaume esclavagiste. Ils vont bénéficier d’une complicité pour s’échapper.
Le tome 3 débute quand le roi Sirius Talion enferme son frère Tadeus aux frontières du territoire. Seul, il subsiste, cochant chaque jour qui passe sur un carnet et grattant quotidiennement la paroi de sa prison. Il finit par sortir et, après une longue marche, il rencontre une femme et son fils. Il s’étonne car ils ne sont pas malades. Mais cela, c’était bien avant sa rencontre avec Billie.
Parallèlement, celle-ci raconte à Juno, le périple vécu par Tadeus et elle pour arriver à l’Oasis. Mais, dans cette enclave fermée au monde extérieur, les sentiments sont contradictoires et la violence et l’envie peuvent à tout moment amener des situations dramatiques. Et cet événement est l’arrivée de ces deux individus, une première depuis quarante ans. Qui les a guidés pour traverser la forêt qui protège cette enclave démocratique ? Combien de temps l’Oasis peut-elle encore exister…
Avec les deux personnages principaux qui portent la trilogie, l’auteur explicite ces liens complexes qui peuvent se nouer dans une situation précise. Il énonce nombre de réflexions, de maximes, de pensées qui relèvent du bon sens mais qui sont soit ignorées, soit volontairement occultées car elles demandent un changement technologique, voire de modifier des modes de vie, de limiter les profits.
Avec l’Oasis il explore, les notions d’isolement, de repli sur des frontières physiques ou morales pour préserver les avantages, enfermer une communauté dans des règles d’existence. N’est-ce pas ce que font les dictatures, qu’elles soient théocratiques ou civiles ? Par ce biais, l’auteur aborde l’immigration et l’asile.
Le travail graphique de Sylvain Ferret est remarquable pour ses mises en images et ses mises en pages, pour le dynamisme des nombreuses péripéties, pour ces personnages facilement identifiables. Les décors, qu’ils soient technologiques ou naturels, sont d’une beauté qui enchantent le regard.
Ce tome clôt une trilogie riche en réflexions et en problèmes soulevés, aux intrigues menées avec soin et au graphisme travaillé. Une belle révélation !
serge perraud
Sylvain Ferret (scénario, dessin et couleur), Talion — opus III : Cœur, Glénat, coll. “24x32”, mai 2023, 64 p. — 15,50 €.