Quand il faut remettre en question certains aspects de sa vie
“Et si la petite voix que vous avez dans la tête apparaissait devant vous ?“
Fleur, une jeune femme, accumule les déboires. Son travail ne la passionne pas. Sa vie sentimentale se délite et elle se fâche avec ses amies. Son chat n’arrête pas de s’en prendre aux plantes en pot de son appartement et elle trouve ses parents envahissants.
Alors qu’elle se prépare un bain, un bruit l’alerte. Dans la cuisine, une jeune fille flotte dans l’air. Elle se présente comme sa voix, une sorte de coach prénommée Lise. Elle s’est matérialisée pour l’aider, pour la rendre plus heureuse et, sa mission accomplie, elle disparaîtra.
Le récit, après ce préambule, se découpe en huit chapitres introduits par une maxime, une règle de vie que la coach tente de mettre en œuvre dans la vie de l’héroïne, avec plus ou moins de bonheur. Il lui faut se ressaisir, prendre soin d’elle, de son corps. Elle doit se prendre en main pour devenir celle qu’elle a toujours voulu être. Mais le parcours s’annonce plein d’embûches…
Cette histoire est, sans doute, assez familière pour nombre de personnes. Chacun sait, plus ou moins ce qu’il faudrait faire pour agir mieux, ce qui serait mieux, ce qui serait bien d’assumer pour vivre plus pleinement. Mais la mise en œuvre de ces bonnes résolutions reste lettre morte parce que le quotidien pèse, parce que c’est plus facile de faire ce que l’on a toujours fait, parce qu’il faut faire des efforts pour obtenir autre chose. Toutefois, la scénariste se défend de vouloir donner des leçons, de savoir comment agir dans telles ou telles situations.
Pour illustrer ces scènes, la scénariste use d’un humour allant du bon enfant au caustique. Avec sa petite voix, elle bouscule Fleur, la place dans une situation qui oblige à une réaction, à aller de l’avant, à s’affirmer plutôt que subir. Et ce ton cocasse donne aux récits une vigueur et un allant enthousiasmants.
Greg Blondin assure un graphisme très moderne, à mi-chemin entre la BD franco-belge et le manga. Les personnages sont craquants, leur expressivité exacerbée et leur animation dynamiquent donne du ressort aux propos échangés entre les partenaires. La mise en page offre, par la disposition des vignettes, une lecture commode.
Un album qui se lit avec délectation pour le côté novateur de l’histoire, pour le divertissement, pour sa mise en images attrayante.
serge perraud
Manon (scénario) & Greg Blondin (dessin et couleurs), (Dé)rangée, Bamboo Éditions, avril 2023, 136 p. — 17,90 €.