Les Éditions Glénat poursuivent l’adaptation des grandes sagas d’heroic-fantasy de Michael Moorcock.
Après Elric, c’est La Légende de Hawkmoon qui passe en bande dessinée. Les deux cycles qui composent la saga ont été écrits entre 1967 et 1975.
Les Granbretons sèment la terreur dans l’Europe qu’ils dévastent. Partout, ce n’est que terres brûlées, villes rasées, pillages, gibets, bûchers… Cet empire cruel est dirigé, depuis Londra, par le monstrueux roi-empereur, Huon.
Vaincus à Koln, ils ont cependant fait prisonnier le duc Dorian Hawkmoon. Dans les geôles de Londra, on lui insère un joyau dans le front pour contrôler ses faits et gestes. Puis, il est envoyé en Kamarg par le baron Meliadus. Il doit gagner la confiance du comte d’Airain et enlever sa fille, la princesse Yisselda.
Il réussit sans difficultés les tests que lui fait passer le comte pour s’assurer qu’il est bien le duc de Koln. Mais, il ne peut éviter d’éveiller la suspicion de Noblegent. Ce savant détecte le Flux Ténébreux qui émane du joyau. Or l’armée, menée par le baron Meliadus lui-même, approche d’Aigues-Mortes. La bataille va être terrible et Airain a besoin de tous les combattants. Il décide de faire confiance à Dorian…
Le romancier imagine un retour à un Moyen Âge où subsiste toutefois une technologie primitive et une étrange mais efficace magie. Cependant, les catastrophes précédentes n’ont pas servi de leçon et les guerres continuent. Il y a toujours un fou qui rêve de grandeur, de laisser une place dans l’Histoire. Les agresseurs sont les Granbretons qui veulent imposer leur hégémonie sur le monde, en s’en prenant, pour l’instant, à l’Europe.
La Granbretanne est dirigée par un monstre, un enfant baignant dans une cuve mais ayant des moyens de pression pour se faire obéir. Il est entouré d’un noyau d’individus peu fréquentables qui ont des comptes personnels à régler. Et l’histoire toute récente montre qu’un dément suffit pour mener des peuples à s’anéantir.
Au-delà des combats, batailles, vengeances et ambitions, le romancier évoque nombre de faits sociétaux et joue avec un mélange de références tant culturelles que politiques. Bien que de nationalité, anglaise, il n’hésite pas à présenter l’Angleterre comme un empire détestable, avide de conquêtes, de pillages. Il suffit de visiter le British Museum pour se faire une petite idée de l’ampleur des “emprunts”.
C’est à Benoît Dellac que revient la tâche de la mise en images. Il assure un dessin réaliste et met en scène de façon dynamique la déferlante d’actions. Il est aussi à l’aise dans la vignette intimiste que dans les décors grandioses.
La mise en couleurs se partage entre Bruno Tatti et Greg Lofé de l’Arancia Studio. Ils optent principalement pour des teintes sombres créant ainsi une atmosphère de tension.
Le passage en bande dessinée de cette saga de fantasy est particulièrement intéressant par le traitement dynamique du scénariste et par une mise en images attractive.
serge perraud
Jérôme Le Gris (adaptation et scénario d’après l’œuvre de Michael Moorcock), Benoît Dellac (dessin), Bruno Tatti, Greg Lofé — Arancia Studio assisté de Angélina Rodrigues (couleur), Hawkmoon — t.02 : La bataille de Kamarg, Glénat, coll. “24x32”, mai 2023, 64 p. — 15,50 €.