Jim, qui a eu quatorze ans au solstice, est initié par le Squire. Parce que Greenway, leur village côtier, est isolé et pauvre, ils doivent, les nuits de tempête, attirer des bateaux pour qu’ils se fracassent sur les brisants. Les habitants, alors, récupèrent tout ce qui est possible, devant achever les marins qui ne seraient pas noyés.
Cette nuit-là, c’est le Meredith. Or, il a son port d’attache tout près. Ils connaissent le capitaine et nombre de membres de l’équipage. Mais, il est trop tard pour empêcher le naufrage…
Quelques semaines plus tard, des soldats fouillent la côte sur ordre de Lord Hairfax car celui-ci avait un ami à bord du Meredith et il veut savoir ce qu’il est devenu…
Partant d’une réalité, les naufrageurs ont sévi, particulièrement au XVIIIe siècle sur les côtes du royaume d’Angleterre, Rodolphe mêle à ces pillages une sombre histoire de trésor. Si les habitants sont unis par le secret qui assure leur survie, il y a toujours des individus qui ne comprennent pas l’intérêt d’une communauté soudée. Ils vont, par leur égoïsme, leur bêtise, mettre tous les habitants du village en danger.
D’autres motivations engendrent des événements qui secouent les personnages. Le récit donne une belle place à ce jeune garçon, attaché à une certaine innocence, à la fille du Squire, une délicieuse aveugle.
Laurent Gnoni assure le graphisme. Avec un dessin semi-réaliste, aux traits incisifs, il va à l’essentiel pour camper ses personnages, planter les décors. Il donne de belles vignettes de voiliers en perdition ou en cours d’abordage et reste assez succinct pour les détails des autres scènes. Sa mise en couleurs reste fidèle aux ambiances suscitées par le déroulement du scénario.
Naufrageurs est un One shot qui se lit avec plaisir pour les diverses évolutions du scénario, dans un contexte délicieusement amoral.
serge perraud
Rodolphe (scénario) & Laurent Gnoni (dessin et couleur), Naufrageurs, Éditions Daniel Maghen, mai 2023, 72 p. — 16,50 €.