Les Corrigan, ce sont trois femmes. Maggie qui, au début de cette histoire a 69 ans et 364 jours. Sa fille Louise, une jolie quadra, est la mère d’Enora qui a terminé ses études de vétérinaire et a une affection particulière pour les moutons. Elles tiennent une maison d’hôtes tout près de Saint-Malo, Le Manoir des Corrigan. L’aînée qui possède un caractère bien trempé est veuve depuis vingt ans mais collectionne les aventures. Si Louise est effacée et discrète, écrasée par sa mère, Enora tient de sa grand-mère. Elle possède un franc-parler et fait montre d’attitudes résolues.
La disparition inexpliquée de Constant, le mari de Maggie, les avaient amenées, elle et Louise, à créer La Breizh Brigade pour tenter de résoudre le mystère. Mais se prenant au jeu, elles passaient au crible les faits divers locaux en jouant à copier les méthodes d’investigation policière. Enora, toute petite, avait été initiée.
Fanny, gérante de l’annexe du Repaire des Corsaires va réveiller, comme il lui a demandé la veille, Paul Le Tohic. Lorsqu’elle pousse la porte après avoir frappé et appelé en vain, elle voit un homme assis sur une chaise, nu, le chalumeau de sa cornemuse plongé dans la gorge jusqu’à la garde. Rien n’est dérangé dans la chambre. Par reflexe, elle sort son portable et prend trois photos avant de prévenir la police. Puis elle court chez Enora, son amante, l’informer du drame et se faire réconforter.
Dans les maisons d’hôtes, c’est l’effervescence quand la nouvelle est connue. Paul est le sonneur du BBB — Briac Breizh Bagad — le meilleur dans cette spécialité. La police, menée par le commissaire Christophe Guilloux, recueille les premiers témoignages et traque des indices.
Paul a été l’amant de Maggie, il y a quelque quinze ans. Elle n’a pu résister à son invitation quand par un billet il lui a donné rendez-vous à 21 heures.
Dodik Cadiou, veuve et oisive, habite en face du Manoir des Corrigan, et guette les faits et gestes de ses voisines. Or, elle a connaissance de la sortie en soirée de son ennemie.
Quand Fanny révèle à Enora qu’elle a vu Maggie sortir de la chambre de Paul, la jeune fille demande des explications à sa grand-mère. Celle-ci tente d’éluder la question.
Pour le commissaire, nouvellement nommé à Saint-Malo, cette affaire est l’occasion inespérée de traiter un dossier criminel qui va faire la une de la presse nationale.
C’est Louise qui ressuscite la Breizh Brigade et elles engagent une course de vitesse avec la police, car…
À quinze minutes des célèbres remparts, deux maisons d’hôtes se font concurrence. L’animosité est forte entre les Corrigan et Guy Le Divellec, le patron du Repaire des Corsaires. Cependant, des liens existent entre les deux sphères.
Le romancier, qui compte à son actif une quarantaine d’ouvrages dans des genres différents, débute une série qui s’inscrit dans un mouvement littéraire en vogue, ces romans policiers où la violence est très atténuée, qui compte des morts, certes, mais qui offrent des enquêtes classiques menées principalement par des amateurs. L’intérêt réside soit dans le cadre retenu, soit dans la personnalité des protagonistes.
Mo Malø installe sa saga à Saint-Malo, un cadre déjà remarquable et met en scène un trio féminin bien singulier. Autour de la matriarche, qui sait goûter tous les plaisirs de la vie, il anime une galerie de personnages fort bien conçue, animée avec une belle tonicité.
Il n’exclut pas d’évoquer l’amour physique, le présentant de manière cocasse sans être scabreux. L’adjointe du commissaire professe No zob in job quand Maggie évoquant son nouvel amant en titre reconnaît qu’elle veut bien avoir un homme sur le dos mais pas plus de quelques minutes.
Le ton est tonique, l’écriture plaisante à lire et l’intrigue se découvre avec grand plaisir avec cette enquête portée par des personnages particulièrement intéressants.
serge perraud
Mo Malø, La Breizh Brigade — t.01 : Bienvenue chez les Corrigan !, Les Escales, coll. “Séries”, février 2023, 352 p. — 15,00 €.