“Souvenirs… attention… danger !”
C’est avec un grand plaisir que l’on retrouve, pour la quatrième fois, Diou – Ghjulia Boccanera – cette détective atypique, originaire de Corse, qui œuvre à partir de Nice où elle réside.
Un homme est revenu à Nice car il veut la retrouver. Il était parti mais, au cours de son voyage, un simple coup d’œil l’a convaincu de s’en retourner. Il a connu et apprécié la détective, une femme qui lui semble solide, à qui il a évité d’être bastonnée par deux voyous.
Diou va mal depuis son retour de Corse (La patience de l’immortelle — l’aube 2021) où les drames vécus la bouleversent. Elle est menacée mais les emmerdes arrivent avec le Shérif, un inspecteur du travail. De nombreux accidents du travail sur le chantier Emblema, ce gigantesque ensemble en construction sur Nice, le mobilise. Il lui demande de retrouver un jeune ouvrier roumain disparu brutalement.
Parallèlement, une femme tente de se rappeler et enregistre des souvenirs parcellaires. Et les recherches de Diou vont l’amener à croiser des acteurs d’un drame ancien, ceux qui se faisaient appeler cane sciolti — chiens sans collier –, ceux qui voulaient changer le monde sans appartenir à une quelconque organisation politique dans l’Italie des années soixante-dix.
Mais ce n’est jamais sans dangers que de mener des recherches sur un passé sulfureux et Diou va devoir faire preuve de sa pugnacité, de son énergie légendaires, bénéficier d’aide…
L’héroïne reste entourée par une galerie de personnages hautement pittoresques, depuis Dan, son colocataire, galeriste, homosexuel et confident, son ex-mari, commandant de police, ses deux amies nordistes, et toute une théorie de protagonistes picaresques.
Profondément attachée à l’âme de la ville, elle tempête contre certains projets dénaturants et qui cumulent tout pour être anti-écologiques.
Avec Diou, la romancière met en scène une héroïne humaine, très humaine, révoltée par la course aux profits quel qu’en soit le prix, qui apporte son concours à ceux qui sont en difficulté. Elle-même découvre les inconvénients féminins de la cinquantaine, dont elle décrit les effets avec un humour décalé.
Et l’humour est très présent : elle intègre dans l’action nombre de remarques drôles, frappées au coin du bon sens.
Dans cette enquête, Michèle Pedinielli intègre des événements en lien avec le drame à Bologne dans l’année 80 et imagine les conséquences sur un petit groupe d’individus. Ses personnages sont toujours recherchés, leur caractères fouillés et, là encore, elle propose quelque portraits particulièrement remarquables.
Ce nouveau roman se lit avec délectation tant cette enquêtrice est attachante, mêlée à une histoire intrigante à souhait, conçue et racontée avec maestria.
serge perraud
Michèle Pedinielli, Sans collier, Éditions de l’aube, coll. “Noire”, mars 2023, 256 p. — 18,90 €.