Michèle Pedinielli, Sans collier

“Sou­ve­nirs… atten­tion… danger !”

Cest avec un grand plai­sir que l’on retrouve, pour la qua­trième fois, Diou – Ghju­lia Boc­ca­nera – cette détec­tive aty­pique, ori­gi­naire de Corse, qui œuvre à par­tir de Nice où elle réside.

Un homme est revenu à Nice car il veut la retrou­ver. Il était parti mais, au cours de son voyage, un simple coup d’œil l’a convaincu de s’en retour­ner. Il a connu et appré­cié la détec­tive, une femme qui lui semble solide, à qui il a évité d’être bas­ton­née par deux voyous.
Diou va mal depuis son retour de Corse (La patience de l’immortelle — l’aube 2021) où les drames vécus la bou­le­versent. Elle est mena­cée mais les emmerdes arrivent avec le Shé­rif, un ins­pec­teur du tra­vail. De nom­breux acci­dents du tra­vail sur le chan­tier Emblema, ce gigan­tesque ensemble en construc­tion sur Nice, le mobi­lise. Il lui demande de retrou­ver un jeune ouvrier rou­main dis­paru brutalement.

Paral­lè­le­ment, une femme tente de se rap­pe­ler et enre­gistre des sou­ve­nirs par­cel­laires. Et les recherches de Diou vont l’amener à croi­ser des acteurs d’un drame ancien, ceux qui se fai­saient appe­ler cane sciolti — chiens sans col­lier –, ceux qui vou­laient chan­ger le monde sans appar­te­nir à une quel­conque orga­ni­sa­tion poli­tique dans l’Italie des années soixante-dix.
Mais ce n’est jamais sans dan­gers que de mener des recherches sur un passé sul­fu­reux et Diou va devoir faire preuve de sa pug­na­cité, de son éner­gie légen­daires, béné­fi­cier d’aide…

L’héroïne reste entou­rée par une gale­rie de per­son­nages hau­te­ment pit­to­resques, depuis Dan, son colo­ca­taire, gale­riste, homo­sexuel et confi­dent, son ex-mari, com­man­dant de police, ses deux amies nor­distes, et toute une théo­rie de pro­ta­go­nistes pica­resques.
Pro­fon­dé­ment atta­chée à l’âme de la ville, elle tem­pête contre cer­tains pro­jets déna­tu­rants et qui cumulent tout pour être anti-écologiques.

Avec Diou, la roman­cière met en scène une héroïne humaine, très humaine, révol­tée par la course aux pro­fits quel qu’en soit le prix, qui apporte son concours à ceux qui sont en dif­fi­culté. Elle-même découvre les incon­vé­nients fémi­nins de la cin­quan­taine, dont elle décrit les effets avec un humour décalé.
Et l’humour est très pré­sent : elle intègre dans l’action nombre de remarques drôles, frap­pées au coin du bon sens.

Dans cette enquête, Michèle Pedi­nielli intègre des évé­ne­ments en lien avec le drame à Bologne dans l’année 80 et ima­gine les consé­quences sur un petit groupe d’individus. Ses per­son­nages sont tou­jours recher­chés, leur carac­tères fouillés et, là encore, elle pro­pose quelque por­traits par­ti­cu­liè­re­ment remar­quables.
Ce nou­veau roman se lit avec délec­ta­tion tant cette enquê­trice est atta­chante, mêlée à une his­toire intri­gante à sou­hait, conçue et racon­tée avec maestria.

serge per­raud

Michèle Pedi­nielli, Sans col­lier, Édi­tions de l’aube, coll. “Noire”, mars 2023, 256 p. — 18,90 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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