Philippe Richelle &Jean-Michel Beuriot, Amours fragiles — t.08 : “Le Pacte”

Dans l’effondrement du régime nazi

Le tome 8 de cette série débu­tée en mai 2001 est dis­po­nible. Il s’est fait attendre par tous les ama­teurs de cette saga his­to­rique, le tome pré­cé­dent ayant été publié en sep­tembre 2015.
Mar­tin Mah­ner en est le per­son­nage prin­ci­pal. Celui-ci reste à l’écart du nazisme, mais il en subit toutes les contraintes. Il a été recruté, à son corps défen­dant, et envoyé sur le front de l’Est où, écœuré, il a pu mesu­rer toute la bar­ba­rie des deux camps.

Blessé, il est revenu en conva­les­cence à Ber­lin. Il héberge Fredi, un ami qui a par­ti­cipé à l’attentat contre Hit­ler. Celui-ci, avant d’être arrêté, lui a fourni les faux papiers qu’il se des­ti­nait. Recher­ché comme com­plice, Mar­tin dis­pa­raît de Ber­lin et trouve refuge chez son oncle. Mais les refuges sont rares pour les déser­teurs et il part fina­le­ment pour Bee­litz où il retrouve Hilda et sa mère. Celles-ci ont été inquié­tées à cause de Fredi, leur frère et fils.
Les troupes russes avancent et sèment la ter­reur. Hit­ler et sa clique mobi­lisent les gamins et les vieillards. Quand les Alliés bom­bardent Post­dam, Mar­grit, la sœur d’Hilda, et sa famille, tous de bons nazis, se réfu­gient au domaine paren­tal l’obligeant à cacher Mar­tin. Mais une telle situa­tion est explo­sive et ce der­nier est obligé de pas­ser un pacte…

Avec Mar­tin Mah­ner, les auteurs montrent un autre visage de l’Allemagne sous la domi­na­tion nazie. Plu­tôt que se mettre du côté hit­lé­rien pour en dénon­cer les abus et les déviances, ils choi­sissent de faire vivre le par­cours d’un indi­vidu qui reste en deçà des théo­ries et du mou­ve­ment sans, pour autant, entrer en résis­tance. Et cet éclai­rage est intel­li­gent car il per­met la vision des deux atti­tudes de la popu­la­tion. Pour mon­trer toutes les facettes du régime, ils placent leur héros dans dif­fé­rentes situa­tions, l’incorporant dans la Wehr­macht pour mon­trer le front de l’Est.

Dans ce volet, qui se déroule en 1944, c’est l’effondrement du régime qui sert de toile de fond. L’attentat contre Hit­ler, qui a effec­ti­ve­ment eu lieu le 20 juillet, a entraîné la mise à mort des conju­rés dans des condi­tions ignobles et de quelques cinq mille oppo­sants ou sup­po­sés tels. Les bom­bar­de­ments des villes alle­mandes font fuir les habi­tants qui le peuvent.
Ce sont les Alle­mands de la Prusse-Orientale (une par­tie de la Pologne) qui fuient dans des condi­tions hiver­nales ter­ribles l’armée rouge et ses bar­bares. Fran­chir l’Elbe devient pour nombre de fuyards la prio­rité pour pas­ser du côté amé­ri­cain. Ce volet docu­menté, pré­cis, éclai­rant, met en scène des per­son­nages d’une grande qua­lité vis-à-vis des déve­lop­pe­ments de l’histoire. Il faut tout mon­trer, donc…

Le des­sin est tou­jours dû au talent de Jean-Michel Beu­riot qui, très ligne claire, donne des planches par­ti­cu­liè­re­ment réus­sies et par­lantes. Les per­son­nages sont faci­le­ment recon­nais­sables par leur phy­sique bien dif­fé­rent les uns des autres. Les décors, prin­ci­pa­le­ment des inté­rieurs, sont ren­dus avec pré­ci­sion.
La cou­leur, confiée à Domi­nique Osuch, joue avec les pers­pec­tives qu’elle recons­ti­tue de belle manière.

Ce tome 8 est par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant pour l’angle d’approche de l’histoire et pour un rendu gra­phique fort plai­sant.
De plus, l’éditeur annonce le neu­vième et der­nier tome pour 2023 !

serge per­raud

Phi­lippe Richelle (scé­na­rio), Jean-Michel Beu­riot (des­sin) & Domi­nique Osuch (mise en cou­leurs), Amours fra­giles — t.08 : Le Pacte, Cas­ter­man, mars 2023, 56 p. — 15,95 €.

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