Turf, La Nef des fous — t.12 : “À peu près preux”

Mais der­rière le burlesque…

Turf conti­nue de struc­tu­rer un uni­vers où le lou­foque le dis­pute au bur­lesque, où l’humour le plus débridé coha­bite avec des sen­tences plus que réa­listes. Ce nou­vel opus s’appuie sur le per­son­nage du ser­gent Bon­voi­sin et sur ses péré­gri­na­tions dans ce palais où il tente de mener une enquête de plus en plus dif­fi­cile et de retrou­ver son lieu­te­nant, l’inspecteur Bal­ti­more.
L’auteur mul­ti­plie les situa­tions cocasses, livre des dia­logues dro­la­tiques mais taxés d’un bon sens et appuyé sur une réa­lité tan­gible. En effet, si cette nef n’en finit pas de s’étoffer, elle s’inspire par nombre de côtés, à notre société. Der­rière ce qui res­semble à de la lou­fo­que­rie, il y a dénon­cia­tion de la folie des hommes et la perte des valeurs humanistes.

Knacky, le chien poli­cier, est sur la piste du page ter­ro­riste. Il s’arrête pour uri­ner sur les pieds d’une armure. Le poli­cier qui le suit, par crainte d’une belle amende, l’entraîne loin du lieu du for­fait. Or, c’est dans cette armure que se dis­si­mule le preux ser­gent Bon­voi­sin, alias Céles­tin Par­fait. Il se cache depuis qu’il a détruit un cer­tain nombre de pièces du palais et la magni­fique serre. Il marche vers la sor­tie, mais l’armure grince for­te­ment. Pour fuir plus vite, il emprunte un scoo­ter de police et déclenche un branle-bas de com­bat dans le cadre d’un C.I.F.B.A.Z.C. – Cas d’Intrusion de Forces Bel­li­gé­rantes Armées dans la Zone de Com­man­de­rie.
S’il peut tou­te­fois s’échapper, il chute dans les sous-sols par une trappe de buan­de­rie.
Pen­dant ce temps, plus haut dans le palais, les membres du Conseil bavardent et com­mentent l’état des dégâts que dresse le Grand Chan­ce­lier. Et c’est sans comp­ter la dis­pa­ri­tion de la reine et de sa dame de com­pa­gnie. Sur­vient alors Ambroise qui s’est auto-libéré de sa peine et qui sème le doute dans l’esprit du roi quant à sa connais­sance de l’état des coffres…

Turf réa­lise un gra­phisme d’une extra­va­gance beauté. De son trait fin, pré­cis, il détaille per­son­nages et décors. Il fait preuve d’une inven­ti­vité sans cesse renou­ve­lée dans les cadrages, dans les plans, usant de toutes les pos­si­bi­li­tés que lui offrent le des­sin. Il montre la même inven­ti­vité dans les acces­soires, véhi­cules, uni­formes…
Avec ce nou­vel album, Turf, ce magi­cien des mots et du crayon, donne un bel exemple de ce le talent per­met. C’est magni­fique et on en redemande !

serge per­raud

Turf (scé­na­rio, des­sin, cou­leurs), La Nef des fous — t.12 : À peu près preux, Del­court, coll. “Terres de légendes”, jan­vier 2023, 48 p. — 14,95 €.

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