Et le Danthrakon frappe encore…
À une époque qui ressemble à l’image popularisée du Moyen-Age , dans Parys, la capitale des arts et de la culture, Lathan Dangodo est chez son éditeur. Celui-ci lui promet le succès avec son livre, un livre qu’il va tirer à… quarante exemplaires.
Lathan est le compagnon de Murcille, une jolie jeune femme. Elle est courtisée par l’échevin Fomelio pour qui elle travaille comme sous-apprentie stagiaire non rémunérée. Ils vivent chichement. Lathan voudrait être célèbre et riche pour être digne de Murcille.
C’est dans une taverne où il lit ses textes qu’il est recruté, sans pouvoir refuser, pour écrire les mémoires du Seigneur marchand Pyrinthe, un arriviste de la pire espèce. Dans la bibliothèque où il devra mettre en forme les souvenirs dictés par le marchand, il remarque un ouvrage.
Pyrinthe lui explique qu’il s’agit du Danthrakon, un grimoire magique très puissant qu’il a acheté, pour une bouchée de pain, à un nécromant du nom de Nekröz. Et quand Lathan va comprendre comment employer la magie du grimoire, les puissances du Bien et celles du Mal vont se déchaîner…
Les scénaristes proposent une histoire qui s’appuie sur l’écriture, sur la création littéraire, sur la réalisation d’un roman et surtout sur les aléas que rencontrent les écrivains pour trouver un lectorat. Avec Lathan, ils explorent nombre de facettes de cette activité avant qu’elle ne puisse devenir un métier à part entière.
Mais ces réflexions, ces situations sont surtout une source d’actions débridées et très humoristiques. Il s’agit d’abord d’un album d’aventures mâtinées de magie. Et les auteurs ne se privent pas de multiplier des péripéties et des rebondissements que le héros doit gérer au mieux, ou au plus mal, selon les cas. Ils placent dans des positions bien inconfortables leur personnage principal, un personnage qui veut réussir pour être à la hauteur de la femme qu’il aime. Ils donnent, ainsi, une belle parabole sur le décalage qu’il peut avoir entre ce que l’on pense être aux yeux des autres et ce qu’eux perçoivent.
Comme très souvent, pour ne pas dire toujours avec Christophe Arleston, la Femme occupe une place primordiale, se révèle la plus forte, celle qui rétablit les situations scabreuses, celle qui assure.
Bien sûr, l’humour est omniprésent dans les situations, mais surtout dans les dialogues où des phrases célèbres ou devenues telles sont employées de façon spirituelle. C’est ainsi que le titre de l’album est un joli jeu de mot avec succédané, un terme plus guère employé aujourd’hui pour désigner une produit qui peut remplacer un autre.
Deux grands professionnels œuvrent pour un graphisme à la fois réaliste, caricatural, mettant en scène nombre de protagonistes au caractère animalier. Le choix de l’animal correspondant au caractère et au rôle qui lui sont donnés. Olivier Boiscommun assure ce dessin aux traits élégants, donnant une belle expressivité à ses protagonistes.
C’est à Claude Guth que revient la mission de la mise en couleurs. Il réalise une suite de teintes douces très agréables à l’œil.
Les auteurs complètent le récit part un dossier de huit pages intitulé : Un entretien exclusif avec Lathan Dangodo, l’incroyable auteur de Succès Damné ! Celui-ci livre d’authentiques conseils d’écriture. Ce dossier est illustré par des esquisses des principaux personnages.
Un album qui a tout pour une lecture réjouissante entre une intrigue finement conçue et agencée et un graphisme de haute qualité.
serge perraud
Christophe Arleston & Olivier Gay (scénaristes), Olivier Boiscommun (dessins), Claude Guth (couleurs), Succès Damné, Bamboo, label “Drakoo”, 1er mars 2023, 72 p. — 16,90 €.