Un Napoléon qui aurait pu être plus grand
On ne se lasse pas de la collection Perrin-BNF qui nous offre de très beaux livres. Celui de Thierry Lentz, qu’on ne présente plus, consacré à Napoléon III ne déroge pas à la règle: beauté des illustrations dont il faut souligner la qualité, rigueur et clarté du texte.
L’analyse de l’œuvre du second Bonaparte ayant régné sur la France n’est certes pas tâche facile tant le personnage est resté mystérieux, enfermé dans ses silences, ses prudences, ses ambiguïtés. Ajoutons à cela son pire ennemi, géant des lettres et de la formule qui tue, Victor Hugo.
Et on se retrouve avec une travail titanesque: non pas réhabiliter cet homme mais expliquer les ressorts d’un règne que Thierry Lentz désigne avec justesse comme celui d’une “modernité inachevée”.
Modernité par l’œuvre économique et sociale entreprise dans une France paysanne et rurale ; mais aussi politique car Napoléon III ne doit pas être enfermé dans le souvenir noir du coup d’Etat. Il sut faire évoluer son régime vers un système parlementaire qui aurait pu fonctionner si…
S’il n’y a avait pas eu cette erreur impardonnable de la guerre de 1870 dont il porte, quoi qu’on en dise, l“entière responsabilité. Défaite qui vient couronner une politique étrangère pétrie de contradictions et en réalité contraire aux intérêts de la France
En fin de compte, Thierry Lentz dresse un portrait très honnête, fin et profond, de ce personnage à la vie absolument romanesque, dans un livre qui se lit de bout en bout avec un grand plaisir.
frederic le moal
Thierry Lentz, Napoléon III. La modernité inachevée, Perrin-BNF, 20 octobre 2022, 256 p. — 25,00 €.