Aventures et grande Histoire…
Par sa singularité et son histoire, la forteresse de Monségur enflamme les imaginations. Et celle de Gilles Legardinier n’a pas échappé à cette règle il y a quelque trente ans.
Toutefois, rien ne le prédestinait à l’écriture, lui qui évoluait dans l’univers du cinéma. Et pourtant…
Alors qu’il fait un footing sur les bords de la Seine, avec son ami Nathan, une bombe explose. C’est un attentat destiné à tuer le narrateur du récit. Il en réchappe non sans dommages, ainsi que son ami. Or, ce narrateur fait partie d’une Groupe où, lorsqu’un élément est visé, le plus simple et le plus efficace pour sa sécurité, est de le faire mourir. Il disparaît, n’a plus de contacts avec personne, même ses proches.
Il ne peut se résoudre à une telle extrémité et obtient de mener à son terme la mission commencée quelque quatre ans auparavant.
Il part pour Chartres, un haut lieu spirituel, et rejoint le presbytère où réside Benoît. C’est de là qu’il envoie chercher Nathan alors que celui-ci vient d’échapper à des poursuivants, l’un d’eux ayant même sorti une arme. Effaré, Nathan découvre alors l’univers dans lequel se meut son ami, un univers souterrain où une guerre fait rage pour s’approprier des connaissances. Les uns veulent les utiliser pour le bien de l’humanité, les autres pour les transformer en sources de profits obscènes.
C’est pourquoi le duo doit partir pour Monségur où, sous le promontoire, a été découvert un laboratoire vieux de huit siècles. Mais les ennemis sont déjà sur place à quelques distances, dotés de moyens d’explorations destructeurs…
Le roman a été écrit et publié il y a quelques décennies sans rencontrer un grand succès. Mais l’auteur reconnu aujourd’hui a souhaité renouer avec cette “première marche” et propose une réécriture tout en protégeant l’essence qui le constituait.
Le livre met en scène de nombreux sujets. L’idée principale est la connaissance oubliée, perdue, cachée, celle de nombreux érudits qui ont approché des découvertes scientifiques. Quel plus beau cadre alors que celui de Montségur avec son promontoire riche en grottes, failles, crevasses. Au concept principal s’attache deux grandes constantes du Moyen Âge, les Templiers et les Cathares. Et parallèlement, il livre un hymne à l’amitié, au compagnonnage.
Avec tous ces éléments, avec son art du récit, l’auteur offre un roman d‘action où se mêlent réflexions sur la nature humaine, sur l’humanité et sa course vers l’abime avec le gaspillage des richesses de la Terre pour le seul profit de quelques individus.
C’est d’abord un roman d’aventures car les principaux personnages doivent payer de leur personne, un livre riche en trouvailles techniques avec la mise en scène, dans cette cité souterraine, d’un certain nombre de savoir-faire de l’époque médiévale. Legardinier revient sur l’épopée cathare, le révolte des Albigeois, le siège de Monségur et sur cet ordre des Templiers qui, aujourd’hui encore, fascine pour ce qu’ils ont construit avec les moyens dont ils disposaient.
Le Secret de la cité sans soleil se révèle d’un bel intérêt pour cette quête passionnante à la croisée de genres, portée par des fondamentaux du roman d’aventures ésotériques.
serge perraud
Gilles Legardinier, Le Secret de la cité sans soleil, Flammarion, octobre 2022, 480 p. — 19,90 €.