Tout humain, qu’il reste inconnu ou qu’il entre dans l’Histoire, a vécu une jeunesse. Il n’est pas devenu génie ou tyran dès sa naissance. C’est partant de ce principe que Jean-Marc Rivière dévoile les années de jeunesse du célébrissime Machiavel, l’auteur, entre autres, du Prince, une référence en matière de politique depuis presque cinq siècles (1532).
D’abord employé aux écritures des Archives de Florence, il se fait remarquer et met un pied dans les coulisses du pouvoir en devenant l’assistant de Piero Soderini, un homme politique influent.
En cette nuit de juillet 1499, un espion du commissaire Ridolfo poignarde un soldat sur les remparts pour quitter Pise assiégée. Dans sa fuite, il est blessé mais parvient à prévenir son chef qui part immédiatement pour Florence.
À Florence, la même nuit, trois notables tentent d’élaborer la liste qui sera soumise au tirage au sort pour siéger au Conseil des Dix. La négociation s’éternise. Une intervention qui semble maladroite de Niccoló Machiavel, l’assistant de Soderini, termine la séance.
Rêvant d’un repos bien mérité, ils doivent sur convocation du Gonfalonier retrouver le Commissaire. Celui-ci a appris par son espion que les Pisans ont pu faire sortir une équipe pour retrouver le cœur du Magnifique. Laurent de Médicis, après l’attentat des Pazzi, avait réuni une très grosse somme qu’il a cachée. Avant de mourir, il a laissé l’indice selon lequel ce trésor sera placé contre son cœur.
À Pise comme à Florence, l’argent manque cruellement. Celui qui retrouvera cette fortune aura les moyens de vaincre. Et Soderini, missionné pour retrouver le magot, charge Niccoló de mettre la main dessus…
S’appuyant sur des situations réelles et des personnages authentiques, le scénariste construit son récit comme un polar historique. Grand connaisseur de la Renaissance italienne, Jean-Marc Rivière propose un récit tout à fait réaliste des années d’apprentissage de Nicolas (Nicolló) Machiavel, celui-ci se frottant aux arcanes de la politique.
Mais, si la part d’histoire est fournie, le polar ne perd pas ses droits et l’action est très présente. Le héros doit se battre pour ne pas être tué et les péripéties musclées ne manquent pas.
C’est d’ailleurs très probant avec la mise en images de Gabriel Andrade qui, avec un dessin précis, académique, met en scènes des luttes, des combats. S’il donne des personnages bien campés, ressemblants d’après les quelques tableaux, il brosse des décors superbes mettant en valeur cette si belle cité florentine et ses monuments emblématiques.
Le travail d’Elvire de Cock sur les couleurs est particulièrement réussi. Elle joue avec les teintes pour embellir les ambiances, faire ressentir la nuit, l’éclairage parcimonieux des intérieurs.
Cette seconde enquête, construite selon les règles du polar historique se lit avec grand intérêt pour l’intrigue, les personnages mis en scène et pour l’évolution du héros.
serge perraud
Jean-Marc Rivière (scénario), Gabriel Andrade (dessin) & Elvire de Cock (couleurs), Les Enquêtes de Machiavel - t.02 : Le trésor des Médicis, Glénat, coll. “24x32”, août 2022, 56 p. — 14,95 €.