L’amnésique le plus célèbre de la bande dessinée perd à nouveau la mémoire. Celle-ci est reprogrammée par Janet, la présidente de la fondation MayFlower qui vire, sous son impulsion, vers l’extrême-droite. Elle utilise, pour cela, les services d’un hacker et lui fait porter des lunettes munies de caméras qui lui permettent de voir en temps réel ce que voit Jason, qui il rencontre, où il est.
Dans la prison de Boniato, au nord de Santiago, à Cuba, le directeur menace un certain Tadine, ou Petrov, car le mail que celui-ci lui a fait envoyer reste sans réponse. Tadine répète l’adresse, borisdenisov, et assure que le correspondant payera.
À la Maison blanche, Jason, devenu conseiller spécial à la sécurité explique la prochaine mission, qu’il va mener à Cuba, au secrétaire d’État à la Défense. Les services de renseignements ont intercepté un mail envoyé à Moscou par Andres Tadine. Il veut aller chercher ce hacker exceptionnel pour favoriser la réélection du Président et son accession, selon les plans de Janet, à la vice-présidence.
À Moscou, au GRU, Boris Denisov piaffe. Il voudrait vite récupérer le traître mais l’argent de la mission tarde à arriver.
Au Canada, le général Ben Carrington, qui a annoncé qu’il comptait se présenter à l’élection présidentielle échappe de peu à un attentat.
Mais le Président en titre s’inquiète des pouvoirs grandissants de Janet. Il suggère que Jason Mac Lane ne revienne pas de Cuba. Celui-ci, sous l’emprise de Janet, est conditionné pour obéir…
Jean van Hamme avait développé, jusqu’au tome 19, une belle série d’aventures pour son héros. Il avait ouvert des pistes, laissé en suspens des situations simplement évoquées. C’était le cas pour le séjour de XIII à Cuba dans le tome 10. Yves Sente, après une courte adaptation en reprenant la série quatre ans plus tard, maîtrise son sujet et utilise des évocations pour faire ressurgir une partie du passé de Jason en lien avec ce qui avait été évoqué plus ou moins succinctement dans de précédents épisodes.
S’il révèle les raisons de sa présence à Cuba, le nouveau séjour est l’occasion de beaux retournements de situations qui vont enchaîner sur de nouvelles révélations. Le scénariste n’épargne pas sa peine et mouille la chemise pour une cohérence subtile entre un passé tonique et un présent dynamique.
Iouri Jigounov assure donc, après Alpha, le dessin de cette « seconde saison ». Son style est assez voisin de celui de William Vance et son dessin réaliste donne une belle stature aux protagonistes. Le travail sur les expressions est tangible. Les décors sont peaufinés et détaillés.
Bruno Tatti use d’une palette de teintes courantes, celles de vêtements classiques portés par les hommes, les militaires et donne un peu de fantaisie avec ceux des dames. Il recrée une atmosphère propice aux déroulements du scénario.
Ce nouveau tome divulgue de nouvelles révélations sur le passé de Jason, mises en scène avec tonus et très agréablement mises en images tant au point de vue du dessin que des couleurs.
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serge perraud
Yves Sente (scénario), Iouri Jigounov (dessin) & Bruno Tatti (couleurs), XIII — t.28 : Cuba, où tout a commencé, Dargaud, octobre 2022, 48 p. — 12,50 €.