Les catastrophes naturelles et pandémiques titillent de plus en plus l’imaginaire des auteurs qu’ils soient romanciers, scénaristes…
Dans ce cadre, Sylvain Ferret propose une trilogie où il conjugue cyberpunk, gothique, anticipation noire et tragique.
Vers la fin du troisième millénaire, la Vermine, un virus né de la pollution, envahit tout en se propageant par l’eau. Dans Forenhaye, un bastion du royaume du Talion, Billie, une jeune fille aide les plus pauvres en distribuant l’eau non polluée que fabrique une de ses mères. Mais cette eau est réservée aux plus riches, ceux qui vivent au-dessus du nuage de pollution.
Billie semble être immunisée contre la Vermine, ce qui intéresse Tadeus. Mais la situation bascule, les mères sont fusillées et la jeune fille doit fuir en compagnie de Tadeus, ce scientifique dont le corps possède une capacité peu courante de régénération.
Dans le second volet, les deux fuyards sont rapidement interceptés et sont contraints de travailler dans les mines du royaume de Damoclès, un royaume esclavagiste. C’est à partir de là que Billie rencontre la nouvelle régente des lieux, Olympe d’Orfèvre, surnommée l’Insurgée. Et ce que dévoile celle-ci…
Un monde ravagé par une Vermine qui s’insinue partout à partir de l’eau, pénètre dans la terre, les chairs, le sang, l’air et amène ceux qui sont atteints à la folie, peut rappeler une situation bien connue par la population mondiale ces dernières années.
L’auteur complet qu’est Sylvain Ferret, pour cette série, conçoit le développement de son récit avec deux acteurs principaux, cette jeune fille qui possède une belle immunité et un personnage plus mystérieux qui peut se démultiplier jusqu’à une sorte de monstruosité.
Le scénariste propose plusieurs points de vue en faisant suivre le parcours de ses héros. Il ne fait pas état d’une dichotomie avec les Bons d’un côté et les Méchants de l’autre. Il glisse des écarts avec subtilité, faisant évoluer les situations et donne la part de responsabilité qui revient à chacun dans cette situation. Car, “c’est la faute des autres” est trop souvent mis en avant alors qu’il faudrait que chacun balaie devant sa porte.
Les dessins sont magnifiques. Les plans larges, les panoramiques sont superbes. Les personnages sont bien représentés. Mais la mise en page, avec ses plans serrés, très resserrés parfois, demande une belle concentration pour suivre les protagonistes. La colorisation assez sombre n’aide pas à cette identification.
Cela dit, ces deux premiers albums bénéficient d’une belle histoire, dense, intrigante, qui a des effluves de presque vécu, servie par un graphisme de haute qualité.
serge perraud
Sylvain Ferret (scénario, dessin et couleurs), Talion — opus II : Veines, Glénat, coll. “24x32”, août 2022, 64 p. – 15,50 €.