À chaque dynastie, une origine…
En avril 1937, un homme fuit devant des individus sur l’île écossaise d’Islay. Réfugié sur une aspérité rocheuse, il glisse et tombe de la falaise.
Deux jours plus tard, à Oxford, au Merton College, après une dispute avec d’autres étudiants où il se fait traiter de fils de scientifique raté, un élève est convoqué à la direction. Dans le bureau, il est étonné de trouver Andrew, le majordome de son père. Ce dernier est mort et Elias doit rentrer au domaine.
Au matin, deux visiteurs se présentent pour rencontrer Walter Ferguson. Désolés de son décès, ils expliquent les raisons de leur présence. Il y a quatre ans, ils l’ont éconduit quand il était venu présenter un projet de ligne ferroviaire sous-marine reliant Portnahaven à New York. Mais la situation a évolué. “À présent, Hitler est chancelier, l’Asie est une poudrière, Staline s’avère extrêmement dangereux…“
Et Elias découvre un véritable empire industriel invisible dont il doit prendre la direction alors que de toutes parts des agents étrangers veulent s’emparer des découvertes de son père, découvertes qui offrent un incroyable potentiel d’applications militaires…
Autour de découvertes qui pourraient s’avérer redoutables dans de mauvaises mains, avec un cadre où les tensions politiques sont exacerbées, comme aujourd’hui, le scénariste conçoit un récit qui laisse une large place à l’aventure et à l’action. Le jeune héros doit faire des choix stratégiques mais il est entraîné dans de multiples équipées pour sauver sa vie. D’ailleurs, le dénouement du présent tome ouvre sur des perspectives fort interrogatives.
Les dialogues sont enlevés et offrent des réparties élégantes. Ainsi, sans perdre l’esprit, il propose, loin des insultes grossières qui ont trop souvent cours par les déficients du vocabulaire : “Ta mère m’a écrit. Je ne serai finalement pas le père de ton petit frère. Son avortement s’est bien passé.”
Lender Shell assure un dessin réaliste, d’une belle tonicité pour rendre visible l’énergie du scénario. Si les personnages, très souvent en gros plan, occupent une large place, les fonds et les décors sont bien restitués et détaillés, tant les intérieurs des demeures que les vues extérieures.
La couleur, œuvre d’Albertine Ralenti, assure une belle lumière aux planches, mettant en valeur les différentes atmosphères de l’histoire.
Un premier tome de mise en place dynamique avant de connaître la direction que prendra le scénario : développement d’un empire industriel, aventures débridées ou une combinaison des deux ?
serge perraud
Simon Second (scénario), Lender Shell (dessin) & Albertine Ralenti (couleur), Elias Ferguson — t.01 : 1937, L’Héritier, Vents d’Ouest, coll. “24x32”, juin 2022, 56 p. – 14,95 €.