Philippe Séguy, Antoine Michelland, Fabiola. La reine blanche

Fabiola, reine des Belges

La reine Fabiola de Bel­gique n’a rien de très gla­mour. Epouse fidèle et aimante du roi Bau­douin Ier – lui-même n’ayant rien pour atti­rer les papa­raz­zis et la curio­sité mal­saine du vul­gus – elle a tou­jours mené une vie pleine de cha­rité chré­tienne, de dévoue­ment en faveur des mal­heu­reux et de conso­la­tion des misères.
La bio­gra­phie (en fait une ver­sion revue et aug­men­tée) que lui consacrent Phi­lippe Séguy et Antoine Michel­land appar­tient au genre hagio­gra­phique. En effet, la femme qu’ils décrivent est dotée de toutes les ver­tus, n’est salie par aucun défaut. Les auteurs n’émettent aucune cri­tique à son encontre. Du début à la fin, un être immaculé.

On peut légi­ti­me­ment en faire le reproche aux auteurs. L’absence d’esprit cri­tique, fon­de­ment du tra­vail his­to­rique, est dom­ma­geable à la qua­lité du livre. Même la per­sonne la plus sym­pa­thique au monde com­porte, sinon sa part d’ombre, du moins ses fai­blesses, ses manques, ses insuf­fi­sances. Et pour­tant, la vie de la reine Fabiola est hors du com­mun —  même si elle n’a pas accom­pli, dans sa jeu­nesse ou sur le trône de Bel­gique, des actes extra­or­di­naires, ayant eu des réper­cus­sions cru­ciales.
Intel­li­gente, sen­sible, dévouée et atten­tive aux autres, dis­crète et acces­sible, on ne peut lui nier ces qua­li­tés. Les auteurs décrivent une femme née dans une famille catho­lique, conser­va­trice et monar­chique de l’Espagne d’avant la guerre civile. Fabiola en porte la marque pen­dant toute sa vie. Por­tée par une foi inébran­lable et admi­rable, elle encaisse les coups du sort avec une force que seule l’espérance donne. Elle connaît, avec le roi Bau­douin, un amour d’une grande soli­dité, don­nant l’image d’un couple uni et que même la mort ne brisa pas.
Bri­sée par ses fausses couches suc­ces­sives, elle aime les enfants par-dessus tout. Et quand Bau­douin Ier, sou­mis à l’obligation de signer la loi pro­mul­guant l’avortement, devra choi­sir entre sa conscience et ses devoirs consti­tu­tion­nels, elle le sou­tien­dra dans sa réso­lu­tion de ne pas céder sur l’essentiel.

En fait, ce livre, certes hagio­gra­phique, nous per­met de sai­sir à quel point Fabiola incarne un monde menacé de dis­pa­raître avec elle, celui du catho­li­cisme, de la pro­tec­tion de la famille et des enfants, du bien au ser­vice des autres, de la Bel­gique unie et pro­té­gée des excès du régio­na­lisme radi­cal. Tout cela est en train de dis­pa­raître devant nos yeux. Elle par­tira sans doute avec.
Cette femme mérite du res­pect. C’est indéniable.

fre­de­ric le moal

Phi­lippe Séguy, Antoine Michel­land, Fabiola. La reine blanche, Per­rin, mars 2013, 260 p. –21,00 €

Leave a Comment

Filed under Essais / Documents / Biographies

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>