Quand un grimoire est mélomane…
“Le Danthrakon est le plus fabuleux des grimoires du monde d’Alwynn. Et de tous les autres, d’ailleurs : nulle part l’histoire de la magie ne fait mention d’un ouvrage aussi puissant, aussi… particulier.”
Karyelle, une cité perchée sur un pic montagneux, possède un opéra en plein air qui jouit depuis toujours d’une belle réputation. C’est là que Ptolomelle se produit, accompagnée à la harpe par sa sœur.
Parmi les spectateurs, le baron Sigle-Hume est séduit et demande à l’Archimage qui l’accompagne, d’inviter la cantatrice à la réception qu’il organise le soir même. Ptolomelle est folle de joie. C’est la gloire. Mais arrive un membre de la guilde des voleurs dont elle est l’otage depuis des années. Parce qu’ils veulent frapper un grand coup, ils ont enlevé ses parents et la somment de laisser une fenêtre ouverte pour cambrioler le palais de l’Archimage.
Alors qu’elle ouvre une croisée, elle est surprise par Arnulf, un garde. Celui-ci, séduit par la beauté de la jeune femme, se propose de lui faire visiter l’ensemble du bâtiment. Mais, il souhaiterait qu’elle puisse dérober quelques bouteilles au buffet. Et la visite, bien arrosée, va dégénérer de façon dramatique tant pour Ptolomelle que pour le jeune garde…
Ce fameux grimoire a déjà fait parler de lui en infectant un jeune marmiton dans une trilogie parue chez Drakoo entre septembre 2019 et novembre 2020. Il est sensible à l’art, à la beauté. Ici, c’est le chant qui le séduit et le fait s’attacher à la cantatrice.
Mais ce livre fantasque attise les passions et sa possession, bien que très incertaine en matière de conséquences, est source de tentations malsaines.
Les auteurs enchaînent une série de péripéties opposant Ptolomelle à la guilde des voleurs, menannt Arnulf à essayer de l’aider, lui-même se retrouvant en grande difficulté. Ils multiplient les facéties du livre magique pour une suite d’aventures toutes plus échevelées, toutes plus drôles les unes que les autres.
Si l’on connaît la capacité presque inépuisable d’un Christophe Arleston pour les jeux de mots, l’espièglerie, les trouvailles humoristiques les plus improbables, il est aidé par un Olivier Gay qui œuvre dans la même veine avec le même talent. Et cela fuse, bourdonne. C’est un feu d’artifice de drôleries.
Le graphisme se partage entre Olivier Boiscommun pour les dessins et Claude Guth, le maître ès-couleurs. Avec un trait efficace, plein de finesse, il construit des personnages aux rapports de superhéros. Mais il met en images, avec énergie, cette suite d’actions débridées, de faits picaresques. Et par son dessin, qu’il complète avec des détails originaux, il ajoute une couche fort humoristique.
La colorisation est active, d’une grande qualité, mettant en valeur des décors travaillés, des expressivités toniques.
Ce tome débute une série où le grimoire occupe une place importante, faisant vivre des aventures dynamiques aux personnages. Un album à ne pas rater pour son intrigue enlevée, pour sa drôlerie en ces temps particulièrement moroses.
serge perraud
Christophe Arleston (scénario), Olivier Gay (scénario), Olivier Boiscommun (dessins) & Claude Guth (couleurs), Les maléfices du Danthrakon — volume 1 : La Diva des pics, Bamboo, label “Drakoo”, juin 2022, 56 p. — 15,90 €.