Cazenove, William & Jacquemoire, Wat — t.02 : “La fée qui ne voulait pas que meure la magie”

Un uni­vers fée­rique d’exception 

Avec ce dip­tyque, le scé­na­riste met en scène tout un bes­tiaire fabu­leux. Outre une kyrielle de fées de dif­fé­rentes natures, un troll, il pro­pose un cen­taure, des sylves… Il use du chan­ge­ment d’échelle pour don­ner plus de ten­sion à son récit, fai­sant des humains de véri­tables géants par rap­port au monde féé­rique.
L’intrigue est tonique, les courses-poursuites, les actions se suc­cèdent à un rythme sou­tenu, ser­vies par des dia­logues brillants, d’une belle drô­le­rie. L’auteur pro­pose un voca­bu­laire décalé qui sied à l’humour des situa­tions. Les patro­nymes sont cocasses. Les deux autres fées de la ville ne se nomment-elles pas Périf et Karbu ?

Wat est une fée de la ville. Mais elle est contrainte d’aller chez Pruine, une fée des bois, pour récu­pé­rer ses ailes per­dues lors d’une inter­ven­tion. Lorsqu’en com­pa­gnie de Dorg, une sorte de troll, ils arrivent après moult tri­bu­la­tions, c’est pour consta­ter que les Unsee­lies, des fées malé­fiques, attaquent les êtres magiques pour prendre le contrôle de la forêt.
Or, Pruine qui s’est fait kid­nap­per par des Unsee­lies en est deve­nue la chef. Wat doit se défendre et lut­ter contre ces fées. Pruine passe un deal avec trois ado­les­cents humains à qui elle pro­pose de leur ouvrir son uni­vers s’ils lui ramènent les deux fées qui sont res­tées en ville. Les bou­ton­neux, comme elle les appelle, se voient déjà en train de fil­mer, de dif­fu­ser sur les réseaux sociaux et de deve­nir mil­lion­naires.
La situa­tion est grave car il faut éga­le­ment pro­té­ger les autres peuples de féerie…

Caze­nove glisse, subrep­ti­ce­ment, quelques sen­tences qui, s’il les applique à l’univers qu’il com­pose, s’étendent par­fai­te­ment à la société humaine. Ainsi une fée reproche l’attentisme et rétorque, lorsque son vis-à-vis met en avant le paci­fisme de son peuple : “C’est facile d’être paci­fique quand d’autres viennent vous sau­ver les miches.

Si le scé­na­rio se découvre avec grand inté­rêt, le gra­phisme est de toute beauté avec William au des­sin et Élo­die Jac­que­moire à la cou­leur. Le trait élé­gant de William fait mer­veille entre cari­ca­ture et réa­lisme pour mettre en images des fées aux sil­houettes fort agréables. Mais, il donne des phy­siques inté­res­sants aux autres pro­ta­go­nistes.
Même les méchantes fées gardent une belle ana­to­mie. La mise en page offre une lec­ture agréable et les décors font de beaux écrins pour les actions. Élo­die Jac­que­moire avec un choix judi­cieux de teintes pas­tel et son art donne une troi­sième dimen­sion à ces planches.

Si cette série est des­ti­née d’abord à un public jeune, elle se lit avec grand plai­sir quel que soit l’âge.

serge per­raud

Caze­nove (scé­na­rio), William (des­sin), Jac­que­moire (cou­leurs), Wat — t.02 : La fée qui ne vou­lait pas que meure la magie, Bam­boo, mai 2022, 48 p. – 11,90 €.

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