Enquête minutieuse autour d’une huile sur bois
Point de départ de ce livre, un tableau représentant « une très belle jeune femme tenant son bébé sur les genoux. Devant eux se tient un garçon avec un agneau » (p. 12). Cette peinture à l’huile sur bois fut offerte au père de l’auteure, Fiona McLaren, alors médecin de campagne en Ecosse. L’œuvre mystérieuse, que son père avait choisi de nommer « La Vierge à l’enfant avec Jean-Baptiste », lui sera par la suite léguée par sa mère pour ses quarante ans. Depuis, pendant trente ans donc, Fiona McLaren œuvrait méticuleusement – travail de fourmi la plupart du temps solitaire, parfois même contre vents et marées – à percer le mystère de ses origines. A partir du tableau lui-même et aidée de quelques autres éléments, soit offerts avec ledit tableau, soit ajoutés par son père comme une série d’indices convergents – des gravures, une carte, une pochette de cuir contenant deux timbres commémorant la Déclaration d’Arboath (qui confirma le statut de l’Ecosse en tant que nation indépendante), une bulle papale et un quaich (sorte de bol peu profond à une ou deux anses).
Plusieurs détails du tableau lui-même déclenchent aussi sa curiosité quant à la véritable identité de la femme représentée. C’est notamment le cas de la fleur de lys (qui, par ailleurs, est présente sur chacun des objets retrouvés ensemble, si disparates soient-ils), qui semble suggérer, placée dans l’auréole de celle que Fiona, après son père, croyait être la Vierge, qu’il s’agirait en fait d’un portrait de Marie-Madeleine. Sujet de moult discordes, cette dernière est néanmoins considérée par beaucoup comme ayant été la compagne du Christ, qui lui aurait même donné un enfant (elle apparaît d’ailleurs sur le tableau représentant la Cène).
Cet ouvrage retrace donc, étape par étape, le travail minutieux et très fouillé de l’auteure. Très bien documentée, son enquête est sujet à controverse elle aussi, de par les hypothèses, voire thèses, qui la traversent. Outre la place usurpée de Marie-Madeleine, apôtre majeur, son intimité avec le Christ et l’enfant qu’il lui a donné, apparaissent aussi, plus étonnamment, des liens étroits avec la franc-maçonnerie. L’ouvrage est judicieusement enrichi de deux cahiers photo fort éclairants (reproductions de peintures, de gravures, de folio du livre de Kells, portraits, vitraux…) car accompagnés de légendes reprenant les découvertes en indiquant au lecteur ce qu’il est censé en comprendre et où il doit porter le regard plus précisément.
Bref, un ouvrage assez fascinant sur un sujet aussi mystérieux que complexe, bénéficiant d’une traduction précise et de qualité, auquel on ne pourra trouver qu’un défaut, s’il faut en trouver un : le mécanisme un peu trop répétitif que met en place l’auteure pour maintenir le suspense, ou prendre un ton pédagogique qui en devient sentencieux et un peu artificiel à mon goût, là où le thème ne nécessitait pas que l’on en fasse plus. A titre d’exemple, je citerai : « Mais aujourd’hui que mon travail est terminé… tellement stupéfiante que j’en ai parfois encore le souffle coupé » (p. 28), « C’est ce qui est captivant… le renforcent et le développent » (p.108), « m’a donné quelque chose que je n’aurais pas cru pouvoir exister dans le domaine public » (p. 148), « Tout cela paraît énorme, mais je suis convaincue que nous pouvons y croire » (p. 160), « Nous avançons à présent avec l’esprit plus libre. J’espère que, une fois délivré du dogme, vous pouvez poser sans hésiter la question du sens de la vie et du monde » (p. 275).
agathe de lastyns
Fiona McLaren, Le Dernier Léonard De Vinci, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Lucie Clarence, coll. Pôle Document, MA éditions, mars 2013, 360 p. — 19,90 €
ce livre est passionnant même controversé. Connaîtra-t-on un jour la vérité ? Il rejoint les livres écrits par Katleen McGowan, un peu long aussi sur la véritable nature de Marie-Madeleine. J’aimerais connaître d’autres ouvrages traitant du même sujet.