François Rabes, Les Racines des ombres

Quand il faut bra­ver ses propres démons…

L’intrigue déroule une sombre his­toire du passé qui, à l’occasion d’un évé­ne­ment mineur, réap­pa­rait et vient frap­per de plein fouet les acteurs de l’époque et ceux d’aujourd’hui.
Le roman­cier se sert, pour une par­tie de son récit, de la capa­cité que pos­sède le cer­veau de pou­voir occul­ter cer­taines actions trop trau­ma­ti­santes, de gom­mer des sou­ve­nirs trop dou­lou­reux à supporter.

Parce que des inon­da­tions pro­voquent des glis­se­ments de ter­rain, une com­mune des Vosges décide, en 2021, de dépla­cer le cime­tière. En ouvrant la tombe de Chris­tine Jou­bert, morte à 17 ans en 1982, les ouvriers découvrent un cer­cueil vide.
Jacques Mal­let et son fils Michel reçoivent une délé­ga­tion d’investisseurs sué­dois. Le père est un domi­na­teur, sûr de lui, alors que son fils est réservé voire timide.
Dario Leip­zik, à contre-cœur, accepte de prê­ter main-forte à se petits-cousins de Gre­noble pour un casse.

C’est en fin de soi­rée, la veille, que Claire Ver­nier, sub­sti­tut du pro­cu­reur d’Épinal, hérite du dos­sier. Au matin, elle suit avec bien du mal le gar­dien du cime­tière qui l’emmène vers cette tombe vide. Là, elle est accueillie par Laroche, un capi­taine de gen­dar­me­rie fran­che­ment hos­tile. À l’issue de la négo­cia­tion, Michel emmène son père pour lui faire visi­ter la vieille demeure qu’il veut ache­ter pour y habi­ter.
Claire se plonge dans le dos­sier de Chris­tine Jou­bert qui avait été retrou­vée vio­lée et égor­gée dans un bois. Le cou­pable, Dario Leip­zik, avait été arrêté et condamné à vingt ans de pri­son. Elle remarque, cepen­dant, des zones d’ombre.

Michel, tout au plai­sir de décou­vrir sa nou­velle demeure, se retrouve confronté à des sou­ve­nirs ter­ribles.
Quand le passé res­sur­git, nombre d’événements tra­giques peuvent trou­ver une explication…

L’auteur prend comme décor une petite com­mune où, comme dans beau­coup d’autres, deux ou trois indi­vi­dus ont des rôles pré­do­mi­nants à un titre ou à un autre. Ce peut être un chef d’une entre­prise dont l’activité génère emplois directs et indi­rects, un res­pon­sable de la sécu­rité qui impose ses vues, un édile à ten­dance dic­ta­to­riale.
Il ins­talle pour por­ter son intrigue, deux indi­vi­dus aux carac­tères domi­na­teurs et deux per­son­nages qui ont vécu des situa­tions dif­fi­ciles qui res­tent pri­son­nier d’un passé aux contours hideux.

Autour de ce qua­tuor, gra­vitent une gale­rie de pro­ta­go­nistes qui impactent le pré­sent d’une manière ou d’une autre. C’est avec cet ensemble d’acteurs aux carac­tères fine­ment ouvra­gés que Fran­çois Rabes mène un récit tonique jusqu’à un dénoue­ment à la fois ter­rible et por­teur d’espoirs.
Avec ce pre­mier roman, Fran­çois Rabes fait une entrée remar­quable dans l’univers du thril­ler et laisse espé­rer de futurs récits tout aussi impressionnants.

serge per­raud

Fran­çois Rabes, Les Racines des ombres, Hugo Poche, coll. “Sus­pense”, février 2022, 320 p. – 7,60 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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