Quand il faut braver ses propres démons…
L’intrigue déroule une sombre histoire du passé qui, à l’occasion d’un événement mineur, réapparait et vient frapper de plein fouet les acteurs de l’époque et ceux d’aujourd’hui.
Le romancier se sert, pour une partie de son récit, de la capacité que possède le cerveau de pouvoir occulter certaines actions trop traumatisantes, de gommer des souvenirs trop douloureux à supporter.
Parce que des inondations provoquent des glissements de terrain, une commune des Vosges décide, en 2021, de déplacer le cimetière. En ouvrant la tombe de Christine Joubert, morte à 17 ans en 1982, les ouvriers découvrent un cercueil vide.
Jacques Mallet et son fils Michel reçoivent une délégation d’investisseurs suédois. Le père est un dominateur, sûr de lui, alors que son fils est réservé voire timide.
Dario Leipzik, à contre-cœur, accepte de prêter main-forte à se petits-cousins de Grenoble pour un casse.
C’est en fin de soirée, la veille, que Claire Vernier, substitut du procureur d’Épinal, hérite du dossier. Au matin, elle suit avec bien du mal le gardien du cimetière qui l’emmène vers cette tombe vide. Là, elle est accueillie par Laroche, un capitaine de gendarmerie franchement hostile. À l’issue de la négociation, Michel emmène son père pour lui faire visiter la vieille demeure qu’il veut acheter pour y habiter.
Claire se plonge dans le dossier de Christine Joubert qui avait été retrouvée violée et égorgée dans un bois. Le coupable, Dario Leipzik, avait été arrêté et condamné à vingt ans de prison. Elle remarque, cependant, des zones d’ombre.
Michel, tout au plaisir de découvrir sa nouvelle demeure, se retrouve confronté à des souvenirs terribles.
Quand le passé ressurgit, nombre d’événements tragiques peuvent trouver une explication…
L’auteur prend comme décor une petite commune où, comme dans beaucoup d’autres, deux ou trois individus ont des rôles prédominants à un titre ou à un autre. Ce peut être un chef d’une entreprise dont l’activité génère emplois directs et indirects, un responsable de la sécurité qui impose ses vues, un édile à tendance dictatoriale.
Il installe pour porter son intrigue, deux individus aux caractères dominateurs et deux personnages qui ont vécu des situations difficiles qui restent prisonnier d’un passé aux contours hideux.
Autour de ce quatuor, gravitent une galerie de protagonistes qui impactent le présent d’une manière ou d’une autre. C’est avec cet ensemble d’acteurs aux caractères finement ouvragés que François Rabes mène un récit tonique jusqu’à un dénouement à la fois terrible et porteur d’espoirs.
Avec ce premier roman, François Rabes fait une entrée remarquable dans l’univers du thriller et laisse espérer de futurs récits tout aussi impressionnants.
serge perraud
François Rabes, Les Racines des ombres, Hugo Poche, coll. “Suspense”, février 2022, 320 p. – 7,60 €.