Les Enfers ont inspiré nombre de créateurs, chacun ayant sa propre vision. Mais toutes se rejoignent pour décrire un univers de douleurs. Depuis leur création par les religions monothéistes, des poètes comme Dante s’en sont inspirés, des peintres et dessinateurs, de Jérôme Bosch à Gustave Doré, les ont matérialisés en deux dimensions.
Si le propos de Stephen Desberg rejoint celui de ses illustres prédécesseurs, il fait évoluer son histoire vers une possibilité intéressante. Il met en scène un groupe fort disparate qui a un avantage, celui de réunir, entre autres, des individus ayant vécu avec presque deux millénaires d’écart. Il essaie, également, de respecter une parité plaçant trois dames dans ce groupe.
Ian McGilles sait qu’il est mort. Il arrive aux Enfers sortant d’une vulve, comme une nouvelle naissance. Celui qui l’accueille lui présente les lieux et lui décrit les sévices. Il doit obéir sinon les gardes feront appel à l’Équarisseur et ses chiens maudits.
Ian rejoint une équipe chargée de creuser des marches dans des boyaux et fait connaissance avec un groupe de fameux criminels. Ils ont un plan pour s’évader et auraient besoin de ses compétences de combattant.
C’est ainsi qu’il se retrouve à fuir en compagnie de Locuste, l’empoisonneuse de Claude et Britannicus, d’Isabelle de Castille, d’Anne Bonny, de Jack l’Éventreur, d’un criminel de guerre nazi et d’un compositeur meurtrier.
Dans leur course pour tenter d’échapper à l’Équarisseur et à ses meutes, ils rencontrent Volage, un ange déchu qui séduit Ian…
Le scénariste multiplie les difficultés pour sortir de ces Enfers entre les monstres, les démons décharnés, fantomatiques. Il y a des abandons en cours de route car comment mourir quand on est déjà mort ?
Il propose un récit intéressant pour le regard qu’il porte sur cette notion abstraite, faisant écho à nombre d’interrogations que l’on peut avoir sur le sujet.
Le graphisme a été confié à Tony Sandoval qui donne libre cours à une imagination débordante et un goût fameux pour la peinture à l’aquarelle. Avec cette technique, il rend des planches superbes, jouant avec des couleurs sombres, grises pour mieux dépeindre ce que l’on imagine être un univers de souffrances, l’atmosphère lugubre qui le baigne.
Il propose des démons, des monstres, des personnages avec une efficacité remarquable dans leur représentation et leur animation.
Un one-shot passionnant, à découvrir pour ce voyage d’où l’on revient de tout, mis en images de façon exceptionnelle.
serge perraud
Stephen Desberg (scénario) & Tony Sandoval (dessin et couleurs), Volage – Chroniques des Enfers, Éditions Daniel Maghen, février 2022, 140 p. – 25,00 €.