Dans les méandres de la guerre en Afghanistan
Chris Norton, avec la recommandation de Raymond, convainc Gabrielle Chevalier d’assurer la défense d’Alvin, son frère, un militaire de carrière accusé de sévices sur des prisonniers en Afghanistan. Au Pakistan, Sienna tient dans la ligne de mire de son fusil, Zaid Abdel Rashad, un trafiquant de drogues. Découverte à cause d’un brouillage de communication, elle est faite prisonnière et se voit imposer un étrange marché par Zaid. Il veut se venger des hommes de la CIA qui l’ont rendu aveugle et infirme. Pensant qu’il allait mourir, il avait commencé à se graver sur le torse, le nom du principal tortionnaire, mais il s’était évanoui après avoir tracé SAT. Sienna doit propager, aux USA, la rumeur selon laquelle il va retrouver ses bourreaux.
Gabrielle recherche les auteurs de l’article incriminant son client, seulement, le journaliste et la photographe ont disparu. La photo est floue. Elle pressent qu’Alvin cache quelque chose. Entretemps, elle devient la maîtresse de Chris. Sienna, qui a repris son poste à Brain Capital, est en concurrence, pour l’achat d’une entreprise d’armement, avec une société gérée par Chris Norton. Les deux femmes se retrouvent sur une affaire dont les connexions se rejoignent.
Avec ce second cycle de Sienna, le frère de Stephen Desberg continue d’explorer les faces cachées du pouvoir américain, les luttes entre les différentes structures gouvernementales, les tenants de la guerre et de la paix, les afficionados du libéralisme outrancier. Cette série s’articule autour de deux héroïnes. L’une est avocate qui, pour défendre « des chiens perdus sans collier », collabore sur des dossiers très sensibles. L’autre, tout en ayant une couverture dans un groupe venant en aide aux entreprises en difficultés, est une tueuse de la CIA. Après une enquête (voir premier cycle) qui les a amenées à se rencontrer, à se connaître sans pour autant s’apprécier, les deux femmes se retrouvent dans une histoire qui prend en compte des conséquences de la présence de l’armée des USA en Afghanistan et le terrorisme qui en découle.
L’auteur appuie une partie de son récit sur la nécessité d’obtenir des renseignements et sur les moyens tolérables, admissibles, à mettre en jeu pour y parvenir. En droite ligne des psychoses induites par les attentats du 11 septembre, intégrant les effets désastreux de la torture telle qu’elle était pratiquée en Irak, les auteurs explorent les points de vue tout en laissant le lecteur juger. Chetville assure un dessin réaliste, efficace, qui sied bien à ce type d’affaires d’espionnage. Cependant, ce graphisme pourrait être un peu plus élaboré, travaillé, sans que cela ne gâche rien.
Ce second cycle débute de façon dynamique, avec moult rebondissements intégrant les ingrédients du genre, y compris les séquences amoureuses. Le scénariste sait mener son affaire et créer la tension qui amène à attendre la suite avec impatience.
serge perraud
Philippe Emmanuel Filmore (scénario d’après des personnages crées par Stephen Desberg et lui-même), Chetville (dessins) Tom Boa (couleurs), Sienna (cycle 2), tome 3 « Iraq, fraternité et terrorisme… » Bamboo, col. « Focus », novembre 2012, 48 p. – 11,90 €.