Kathy Austin est une agente du MI6 britannique. Elle se retrouve, dans ses aventures, aux prises avec le surnaturel.
C’est ainsi qu’elle s’est illustrée au Kenya, en Namibie, en Amazonie, des séries de cinq albums chacun parues chez Dargaud.
Pour l’heure, elle arrive, au terme d’un long voyage en train, dans le nord de l’Écosse. Pour aller à Kilwood, elle doit prendre le seul taxi au terminus. Le voyageur, qui l’a déjà retenu, l’invite à faire route ensemble. Il se présente comme Oscar Denton, historien.
Kathy s’offre quelques jours de repos, après son éprouvante mission Amérique du Sud, pour prendre possession de l’héritage que lui laisse sa tante, Miss O’Brien, décédée l’an dernier. C’est un endroit qu’elle connaît bien pour y avoir passé, enfant et adolescente, de nombreuses vacances.
Le chauffeur de taxi lui apprend que le manoir, où elle comptait s’installer, a brûlé il y a deux mois. Elle trouve refuge à l’auberge où descend également oscar. Le lendemain, elle loue l’unique voiture disponible pour se rendre sur les lieux. En route, elle trouve Oscar qui se promène.
Dans le manoir en ruines, elle semble voir une silhouette aussitôt disparue. C’est au bureau de police qu’elle apprend qu’on y a bel et bien mis le feu et que sa tante, décédée sur la lande, portait encore sur le visage les signes d’une grande terreur…
Avec Kathy Austin, les auteurs mettent en scène une héroïne fort empathique. L’action se déroule à la fin des années 1940, à une époque où le surnaturel avait le vent en poupe. C’était Roswell, le déferlement de photos d’OVNI et autres soucoupes volantes. Les témoignages les plus fantaisistes avaient court comme aujourd’hui les fausses nouvelles, sauf que l’information n’était pas instantanée.
Mais l’art de scénaristes est d’introduire des faits plus prosaïques à ces croyances ou à ces phénomènes encore inexpliqués. En retenant le nord de l’Écosse comme cadre, “un vrai nid à farfadets et autres créatures”, ils ont toute latitude pour évoquer des apparitions, des faits étranges tout en gardant à l’esprit la Guerre froide qui commencé à émerger et qui va générer tant d’histoires d’espionnage. Ils font faire connaissance au lecteur d’une belle galerie de personnages mêlant présent et passé, lorsque Kathy, encore adolescente, fréquentait des jeunes comme elle.
Mais, dans le monde du MI6, rien n’est gratuit.
Si l’héroïne voyage pour son héritage, elle reste en mission car des individus, qui n’ont rien à faire sur les lieux, ont été repérés.
Bertrand Marchal assure son dessin réaliste et campe des personnages tout à fait conformes aux endroits où se déroule l’intrigue. Il restitue l’ambiance de ce coin de terre, son atmosphère inquiétante avec ces landes quasi désertes, ses anciens châteaux et son fonds de récits mettant en scène un monde ésotérique.
La mise en couleurs très classique, comme il sied à ce genre de récit, est l’œuvre de Sébastien Bouët qui s’acquitte avec brio de la mission confiée, renforçant le côté sombre, presque angoissant des décors.
Un premier tome qui plante le décor et fait entrer rapidement dans une intrigue solide qui promet de beaux développements.
lire un extrait
serge perraud
Leo & Rodolphe (scénario, découpage et dialogues), Bertrand Marchal (dessin et mise en page) & Sébastien Bouët (couleur), Scotland — Épisode 1, Dargaud, mars 2022, 48 p. – 12,00 €.