Éric Corbeyran & Alessia Fattore, Happytech – t.01 : “Le Bonheur nuit à la santé”

Ah ! Atteindre le bonheur…

Il est vrai qu’il y a plé­thore de pré­sen­ta­tions, tant dans les médias que sur les réseaux dits sociaux, qui pro­mettent monts et mer­veilles. On se dit qu’il faut être bien sot pour se lais­ser prendre, par exemple, par la pro­po­si­tion de mar­tin­gale infaillible afin de gagner aux jeux.
Pour­quoi son inven­teur ne l’utilise-t-il pas pour son propre compte ? Par altruisme, sans doute ?
Ce phé­no­mène social ne pou­vait échap­per à un scé­na­riste tel qu’Éric Cor­bey­ran qui construit, dans ce cadre, une his­toire s’appuyant sur la souf­france des gens dans un cli­mat morose. Il ima­gine un per­son­nage, un indi­vidu en fait très soli­taire, qui se retrouve face à une série de déboires et qui va perdre ses repères. Il risque d’entamer une des­cente sociale menant à la rue et décide de réagir.

Xavier Gui­gnard est venu à la cou­si­nade parce que Carole, son épouse, a insisté. Il retrouve deux cou­sins qui lui rap­pellent le gamin, sans inté­rêt, qu’il était et dont ils se moquaient. Xavier boit pour oublier l’affront et, au retour, vomit dans la voi­ture de Carole.
Entre­temps, il a entendu van­ter les bien­faits d’Happytech qui a changé radi­ca­le­ment la vie d’une jeune femme. Elle est heu­reuse aujourd’hui.

Le len­de­main, pour Xavier, les pro­blèmes s’enchaînent au point de lui pour­rir sa jour­née. Ils com­mencent quand il rabroue une jeune femme qui men­die dans le métro. Et il s’ensuit une soi­rée aussi catas­tro­phique au point que Carole fait sa valise. Les jours sui­vants ne sont pas plus heu­reux. Il perd son emploi. Il com­prend qu’il est dans une spi­rale infer­nale.
Il se sou­vient alors des pro­pos sur Hap­py­tech et trouve, sur Inter­net, le clip de la société pré­senté par une jeune femme en qui il recon­naît celle qui fai­sait la manche dans le métro, point de départ de ses nom­breux déboires. Il n’aura de cesse de la retrou­ver pour comprendre…

Le scé­na­riste intro­duit très vite des élé­ments trou­blants, des faits bizarres qui intriguent Xavier. Et celui-ci se met en quête pour com­prendre com­ment fonc­tionne cette entre­prise mer­veilleuse (dans le clip publi­ci­taire), et ce qui se cache der­rière cette miri­fique façade.
Avec son sens habi­tuel du récit, Cor­bey­ran concocte une intrigue fouillée, sou­le­vant des ques­tions très actuelles en pro­po­sant un regard acéré sur notre société.

Ales­sia Fat­tore, qui demeure en Ita­lie, assure un des­sin réa­liste, avec quelques touches cari­ca­tu­rales. Elle donne des per­son­nages expres­sifs, des atti­tudes conformes à leur état d’esprit et pro­pose des cadres d’évolutions inté­res­sants. C’est à Giu­lia Priori que l’on doit la mise en cou­leurs. Elle res­pecte le cadre, les ambiances et fait en sorte que les teintes qu’elle retient donnent une réa­lité quotidienne.

Cette pre­mière par­tie s’inscrit dans une satire sociale mor­dante, pose des ques­tion­ne­ments dans un récit cap­ti­vant où le gra­phisme se regarde avec grand plaisir.

lire un extrait

serge per­raud

Éric Cor­bey­ran (scé­na­rio), Ales­sia Fat­tore (des­sin) & Giu­lia Priori (cou­leur), Hap­py­tech – t.01 : Le Bon­heur nuit à la santé, Del­court, coll. “Machi­na­tion”, mars 2022, 64 p. – 15,50 €.

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