Serge Le Tendre & Frédéric Peynet, Pygmalion et la vierge d’ivoire

L’Amour, Oui ! Mais pour qui ?

Serge Le tendre affec­tionne les héros de la mytho­lo­gie depuis l’enfance. Aussi, il prend un grand plai­sir à revi­si­ter l’histoire de cer­tains per­son­nages comme Tiré­sias, Héra. Il porte cette fois son regard sur Pyg­ma­lion, un humain, tout entier tourné vers sa pas­sion, la sculp­ture.
Il reste indif­fé­rent aux autres sen­ti­ments et n’éprouve pas d’élan pour les plai­sirs de la chair. Son père a répu­dié sa mère lorsqu’il était enfant et les femmes, mêmes très proches, ne l’intéressent pas. Il veut atteindre le sublime dans la sculp­ture.
Mais les déesses et les dieux aiment à se mêler des affaires humaines. Sur Chypre, c’est Aphro­dite qui règne. N’est-pas l’île qui lui est dédiée ? Et la déesse de l’amour va mettre son grain de sel, accé­der à des demandes.

À Chypre, alors que Bolos et Anthéos veulent régler le mariage d’Agapé et de Pyg­ma­lion, ce der­nier ne pense qu’à la sculp­ture. Il est l’élève de Copias qui voit en lui bien du talent.
Mal­gré l’interdiction des Pro­pé­tides du temple d’Éris, Anthéos emmène son fils en bateau pour lui par­ler mariage. Ce fai­sant, il a défié Poséi­don qui envoie un dra­gon des mers. L’embarcation coule et Anthéos se noie.

Pyg­ma­lion veut sculp­ter et demande à Agapé, qui n’a d’yeux que pour lui, de poser. Mais il n’arrive à rien de satis­fai­sant à ses yeux et détruit tout. Il voit, chez son maître, une corne de licorne des mers.
C’est à l’issue d’un songe qu’il décide de sculp­ter l’ivoire et en tire une sta­tue, une image par­faite de la femme qu’il nomme Gala­tée. Copias est furieux mais il veut la récu­pé­rer car elle lui don­nera, tant elle est belle, accès à la gloire. Il se tue en fuyant la colère de Pyg­ma­lion. Et Agapé…

Autour du sculp­teur, le scé­na­riste concocte une belle gale­rie d’individus plus ou moins recom­man­dables. Il déve­loppe des rap­ports incer­tains, des situa­tions dif­fi­ciles où la part de l’humanité n’est pas très relui­sante. Cepen­dant, il donne une belle place aux femmes avec des sen­ti­ments de haute tenue.

Frédé­ric Pey­net, qui s’est fait remar­quer avec, par exemple, Les Ves­tiges de l’aube ou Le Pro­jet Blei­berg (Dar­gaud), assure un réa­liste et une cou­leur tout aussi réa­liste. Il donne une belle expres­si­vité à ses dif­fé­rents pro­ta­go­nistes et les atti­tudes sont bien ren­dues. Si la mise en page reste assez clas­sique avec en majo­rité un décou­page en huit/dix vignettes, elle per­met une lec­ture très agréable de l’histoire.

Dans une courte intro­duc­tion, Serge Le tendre expli­cite son approche de ce type de récit, l’humanité qu’il sou­haite mettre en avant, et sur­tout pré­voit : « …d’autres récits dans les­quels les mythes anciens et modernes s’affronteront… ».
À suivre avec inté­rêt :  la paru­tion annon­cée d’Asté­rios le Mino­taure.

serge per­raud

Serge Le Tendre (scé­na­rio) & Fré­dé­ric Pey­net (des­sin et cou­leur), Pyg­ma­lion et la vierge d’ivoire, Dar­gaud, mars 2022, 80 p. – 16,50 €.

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