Will & Rosy, Tif et Tondu — Nouvelle Intégrale n° 5 (1966–1968)

Une étape dans cette série culte !

Cette inté­grale regroupe Le réveil de Toar, Le grand com­bat, La matière verte et Tif rebon­dit, quatre albums parus en 1968 et 1969. Elle marque la fin de cette col­la­bo­ra­tion entre Mau­rice Rosy, l’auteur des scé­na­rii et Will, qui assure le gra­phisme.
Lors de cette col­la­bo­ra­tion de presque quinze ans, avec des éclipses, ils ont réa­lisé treize albums, des épi­sodes mythiques.

Lorsque Rosy reprend la série, en 1955, il crée M. Choc avec Will qui assu­rait le des­sin depuis quelques années. C’est un mys­té­rieux cri­mi­nel dont per­sonne ne connaî­tra le visage dis­si­mulé sous un heaume mais qui a la pres­tance d’un Arsène Lupin, d’un Fan­tô­mas. Et c’est le suc­cès. Cette pre­mière phase de col­la­bo­ra­tion se ter­mine en 1958 quand Rosy part comme direc­teur artis­tique du jour­nal Tin­tin.
Ils reprennent leur tra­vail com­mun en 1964 jusqu’à 1969. Ce sont alors des diver­gences de vues entre les deux auteurs quant à l’orientation à don­ner à la série qui amè­nera la rup­ture. De plus, Mau­rice Rosy tra­ver­sait une intense période de doute.

Le scé­na­riste aime, de plus en plus, mettre en scène un humour très anglo-saxon allié à une cer­taine dose de sur­réa­lisme. Or, la série s’inscrit essen­tiel­le­ment comme une confron­ta­tion entre M. Choc, qui dirige l’organisation La Main Blanche, et les deux héros. Rosy, humant l’air du temps, sou­haite intro­duire plus de mys­tère et une part de fan­tas­tique.
Or, Charles Dupuis, le grand patron, n’est pas un ama­teur du genre. Il n’aime pas non plus, la science-fiction, pré­fé­rant l’aventure et l’humour.

Cela n’arrête pas le scé­na­riste qui, dans Le réveil de Toar, intro­duit une impor­tante dose de fan­tas­tique mâti­née de mys­tère, le tout bai­gnant dans un cli­mat gothique. Il faut noter, d’ailleurs que les der­niers épi­sodes signés par lui se déroulent en hiver, avec des arbres nus, de l’humidité et des ambiances froides.
Le grand com­bat s’inscrit dans une veine ouver­te­ment sur­réa­liste dans lequel Will s’investit tota­le­ment, bâtis­sant un uni­vers à la fois absurde et cohé­rent.
La matière verte s’ouvre à l’endroit où se ter­mine Le grand com­bat avec les mêmes pro­ta­go­nistes entrai­nés dans une course-poursuite effré­née avec cette mys­té­rieuse sub­stance verte aux pro­prié­tés élas­tiques et à la résis­tance hors du com­mun.
Quant au récit de Tif rebon­dit, c’est une suite de La matière verte appli­quée au héros où le bur­lesque fait mer­veille avec une suite endia­blée de gags.

Comme chaque inté­grale, celle-ci se com­pose d’une intro­duc­tion éru­dite, d’une belle ico­no­gra­phie, réa­li­sée par Chris­telle et Ber­trand Pissavy-Yvernault. Ils retracent le par­cours des deux auteurs, évoquent les à-côtés de leurs créa­tions. Une bio­gra­phie suc­cincte et une biblio­gra­phie de cha­cun clô­turent le volume.
Ces quatre albums, au ton dif­fé­rent de celui du cata­logue géné­ral de l’éditeur, se dévore avec inté­rêt car le scé­na­riste comme le des­si­na­teur sont de grands professionnels.

serge per­raud

Mau­rice Rosy (scé­na­rio) &Will (des­sin), Tif et Tondu — Nou­velle Inté­grale n° 5, Dupuis, jan­vier 2022, 280 p. — 36,00 €.

 

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