La figure de Jeanne d’Arc reste celle d’une héroïne devenue légendaire. À son époque, les usurpations d’identité ne sont pas rares. Il est certain que son exemple a pu amener quelques femmes à se déclarer être la Pucelle.
Une des plus fameuses est Claude du Lis qui est “reconnue” par de nombreuses personnes ayant côtoyé Jeanne. Après quelques frasques, elle épouse Robert des Armoises et repart sur les chemins.
S’inspirant de ce personnage, Jean Pleyers conçoit une intrigue où il mêle un secret royal, des filiations incertaines, implique des hauts personnages authentiques, le héros de la série, des acteurs de fiction déjà croisés dans des épisodes précédents et de très nombreux combats.
Il livre, ainsi, un récit tonique, multipliant les péripéties, les coups de théâtre, entremêlant avec adresse l’action de tous ces intervenants.
Au printemps 1439, Gilles de Rais donne la chasse à une troupe errante de brigands menée par un cavalier portant une fleur de lys, l’emblème royal.
Alors que les guerriers de Gilles triomphent, trois cavaliers fuient. Des soldats se lancent à leur poursuite, mais, ils ont affaire à un véritable démon. Gilles rejoint et défie le guerrier impétueux. Profitant de la fatigue de son adversaire, il lui porte une estocade qui le couche, estourbi. Lorsqu’il enlève son heaume, il reconnaît Jeanne. Elle balbutie, avant de s’évanouir qu’elle est poursuivie par Villandrando, le chef d’une troupe d’écorcheurs, et qu’il doit lui restituer le parchemin pour l’empêcher de tomber dans les mains du brigand.
Gilles la ramène à Tiffauges en demandant le plus secret à ses proches. Là, il la confie à Jhen Roque, qui travaille comme architecte au château.
À son réveil, elle veut absolument ce document. Or, Villandrando est sous les murs, menaçant car il sait que Gilles de Rais n’a plus les moyens d’entretenir une armée digne de ce nom. Jhen et Jeanne, avec le soutien de Gilles, décident de fuir pour mettre ce parchemin, et les secrets qu’il recèle, à l’abri. Mais…
Le graphisme se partage entre Néjib pour le dessin et Corinne Pleyers pour les couleurs. Si le premier assure le dessin réaliste qui s’impose dans ce type de récit et dans cette suite de série initiée il y a maintenant 38 ans, il soigne les visages, l’expressivité des protagonistes et la dynamique des corps. La gestuelle est fort bien rendue et des éléments anatomiques ne sont pas dissimulés. Les décors sont très travaillés comme les costumes et accessoires qui sont le fruit d’une belle et solide documentation.
La mise en couleurs renforce la beauté et la précision du dessin par un choix de teintes proches de la réalité et de ce qui est remonté jusqu’à nos jours de l’emploi des couleurs à cette époque.
Un album passionnant pour le rythme du récit, l’implication des personnages et une intrigue joliment tournée, mise en valeur par un graphisme approprié.
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serge perraud
Jean Pleyers (scénario), Néjib (dessin) & Corinne Pleyers (couleurs), Jhen — t.19 : Jeanne des Armoises, Casterman, janvier 2022, 48 p. – 11,95 €.