Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent…
En 1963, dans la banlieue de Moscou, la mère d’Alexander se suicide en s’ouvrant les veines dans sa baignoire. Son fils la laisse mourir, allant même jusqu’à bloquer la porte de la salle de bains avec une chaise.
Il est recueilli par son oncle, ouvreur au Théâtre du Moskom. Naturellement, il prend le même emploi. Il est donc aux premières loges lors du spectacle de Yuri Petrov, le plus grand illusionniste du monde. Pendant la représentation, Alexander remarque que la place C6 est occupée par… sa mère, qui lui lance un regard.
À Paris, en octobre 2008, Samuel Baranev veut absolument rejoindre le groupe des ouvreurs du Théâtre des Elysées pour une raison bien précise, pour accomplir son destin. Il se fait remarquer par un illusionniste de grand talent, Alexander Kreskine qui reconnaît en lui la personne dont il a besoin. Il le prend sous son aile pour le former à ses secrets.
Samuel ne recule devant aucun sacrifice pour atteindre son but. Mais, il ignore la vraie nature de son maître, un prédateur vénéneux et dangereux…
Avec ce roman, Viktor Vincent dépeint un milieu qu’il connaît bien et, sans révéler les secrets des différents numéros d’illusionnisme évoqués, il donne quelques informations fort intéressantes. Par contre, il explicite les moyens des médiums et l’utilisation des mécanismes de la mémoire. Il introduit une part de fantastique avec, entre autres, les rapports qu’entretiennent Alexander et sa mère.
Autour d’une belle galerie de protagonistes campés avec soin, il développe une histoire reposant sur des mystères, des énigmes et des rapports puissants entre les individus. Si la base de l’intrigue reste bien mystérieuse pendant une large partie du roman, sa révélation ne dégrade pas la suite d’un récit qui s’emballe vers un dénouement très tendu.
On ne peut présenter l’univers de l’illusionnisme sans faire référence, ou du moins évoquer, deux grands piliers de cette discipline : Robert-Houdin et Georges Méliès. Et le romancier ne manque pas l’occasion de relater quelques anecdotes concernant ces deux personnages, ces fondateurs du genre. Il fait également une belle place aux Freaks, ces acteurs singuliers du Music-hall.
Par ailleurs, Viktor Vincent attache une belle importance au cirage des chaussures pour que celles-ci soient impeccables. Il revient souvent sur le sujet dévoilant quelques trucs pour un fini parfait.
Avec ce premier roman publié, Viktor Vincent propose une histoire passionnante par ses personnages, le cadre où ils évoluent et les mécanismes de l’intrigue.
serge perraud
Viktor Vincent, Apparition, fleuve noir, coll. “Thrillers”, février 2022, 224 p. – 17,90 €.