C’est le premier volume d’une série autour d’un inspecteur de police de Naples par un romancier qui renoue avec le roman noir.
Denis Carbone a été muté à Pausilippe, un commissariat de quartier, à cause de chantages et abus de pouvoir en tant que policier. Depuis dix ans il se morfond à régler des affaires sans intérêt. Parce qu’il reste le seul enquêteur, son chef, qui doit se rendre à Rome pour répondre à une commission d’enquête, lui demande d’aller sur les lieux où une femme a été retrouvée morte au pied d’une tour de sa résidence.
En examinant la scène, il est intrigué par la position du corps et par celle d’un télescope. Il sent que le serviteur Sri Lankais lui ment. Mais, David est furieux car il doit partager l’enquête avec un commissaire, celui qui est responsable de sa mutation. Cela se passe mal !
Plus tard, il revient et découvre, accessible par une trappe, un véritable baisodrome. Et, lorsqu’il regarde dans le télescope qui est pointé sur un appartement dans un immeuble, il voit un homme qui l’observait avant de s’éclipser, se voyant repéré.
David comprend qu’Ester Fornario, cette séduisante veuve proche de la quarantaine, a été assassinée. Il va tout mettre en œuvre pour retrouver le tueur malgré les difficultés en tous genres qui vont se dresser sur sa route. Et ce qu’il va découvrir…
Avec Denis Carbone, Angelo Petrella met en scène un inspecteur qui s’apparente au détective américain initié depuis les années 1920 avec des auteurs comme Raymond Chandler et son insubmersible Philip Marlowe.
Dans les bas-quartiers de Naples où règnent des sociétés de paris clandestins, Denis Carbone évolue comme un poisson dans l’eau. Il est très mal dans sa peau, relégué dans un commissariat où, pour un policier de son niveau, il ne se passe rien. Si les résultats de ses frasques ont séduit quelques temps Laura, la femme de sa vie, celle-ci s’est vite lassée de l’ébriété quasi permanente de son compagnon. Depuis, il promène un spleen qu’il noie régulièrement sous des flots de Macallan, un whisky.
Aussi cette affaire est pour lui l’occasion de retrouver le goût de la quête, l’envie de traquer la vérité. Et bien que l’affaire ait des prolongements conséquents et débouche sur des blocages, le policier poursuit, coûte que coûte, se plaçant dans l’illégalité.
Si l’intrigue se développe dans des autres sphères, il en découle beaucoup d’actions, de nombreux coups, de coups de feu, des combats très physiques. Mais on peut se questionner quant aux possibilités de David de réaliser les escalades et empoignades compte tenu de son alcoolisme.
Avec Fragile est la nuit, Angelo Petrella offre une intrigue adroite, menée avec un solide tempo, racontée de belle manière avec une plume alerte, des dialogues pétillants. Il en résulte un moment fort agréable de lecture avec un héros que l’on a très envie de retrouver rapidement.
serge perraud
Angelo Petrella, Fragile est la nuit (Fragile è la notte), traduit de l’italien par Nathalie Bauer, Éditions 10/18 n° 5712, coll. “Thrillers”, janvier 2022, 192 p. – 7,10 €.