Thomas Rydahl & A.J. Kazinski, La mort d’une sirène

Quand des contes trouvent leurs sources dans la réalité

Presque tous les jours de sa vie d’adulte, Hans-Christian Ander­sen a écrit un jour­nal. Quand il rentre d’Italie, en 1834, il cesse subi­te­ment de le tenir pen­dant un an et demi.
Per­sonne ne sait pour­quoi. Les auteurs pro­fitent de ce manque pour ima­gi­ner ce qui suit.

En ce mois de sep­tembre 1834, Anna est en com­pa­gnie d’un étrange client qui ne veut rien d’autre que l’observer et réa­li­ser sa sil­houette en papier. Il n’est pas satis­fait de son décou­page et il revien­dra. On frappe à sa porte. C’est une dame qui lui demande de des­cendre jusqu’à son coupé en pro­po­sant une belle somme. Anna refuse car sor­tir de la mai­son de pros­ti­tu­tion est dan­ge­reux. Molly, sa jeune sœur éga­le­ment pros­ti­tuée, s’inquiète de ne pas la voir reve­nir alors que la jour­née est finie.
Alors que Hans-Christian essaie d’intéresser un audi­toire dis­trait lors de la lec­ture du récit de son voyage en Ita­lie, un poli­cier vient le cher­cher. Le com­mis­saire Cos­mus Brӕs­trup le réclame sur une scène de crime. Au bord d’un canal, le corps d’Anna est repê­ché et Molly accuse Hans-Christian du meurtre de sa sœur. Il est le der­nier à avoir été vu près d’elle avant sa dis­pa­ri­tion.
Mis en pri­son, il béné­fi­cie d’une faveur obte­nue par son pro­tec­teur, Jonas Col­lin. Le com­mis­saire lui laisse trois jours pour prou­ver son inno­cence. Il com­prend qu’il ne peut rien faire sans l’aide de Molly qui fré­quente les milieux mal­fa­més.
Mais elle est per­sua­dée qu’il a tué sa sœur…

Hans-Christian Ander­sen est célèbre pour ses contes, écrits d’abord pour les enfants, ses récits de voyages et quelques romans. Mais la vie qu’il a menée dans le Copen­hague où il arrive à l’âge de qua­torze ans est loin d’être “un long fleuve tran­quille.” Tho­mas Rydahl et A.J. Kazinski pro­posent un roman cri­mi­nel inversé où ils dévoilent très vite l’identité et les mobiles du meur­trier. L’intrigue porte essen­tiel­le­ment sur la course contre la montre à laquelle doit se livrer le héros pour prou­ver son inno­cence.
C’est l’occasion de faire décou­vrir le Copen­hague des années 1830, ses bas-fonds comme ses hautes demeures, le peuple misé­reux, l’univers de la pros­ti­tu­tion et les condi­tions de vie de celle-ci car ce sont pra­ti­que­ment que des femmes qui se livrent alors à cette activité.

Si les auteurs placent l’écrivain en posi­tion d’enquêteur, le reste des per­son­nages qui gra­vitent autour de lui sont pour cer­tains authen­tiques comme les membres de la famille Col­lin, qui ont hébergé, pris sous leur aile le jeune homme arri­vant d’Odense. Ils appuient leur intrigue sur des faits réels. Ainsi, il a laissé de très nom­breux décou­pages de papier.
Ils placent le conteur dans des situa­tions pro­pices à lui ins­pi­rer ses contes les plus célèbres comme La petite sirène, la petite mar­chande d’allumettes

Avec La mort d’une sirène, c’est une courte par­tie de la vie de Hans-Christian Ander­sen qui est revi­si­tée de si belle manière qu’on la pense quasi authentique.

serge per­raud

Tho­mas Rydahl & A.J. Kazinski (Anders Røn­now Kar­lund et Jacob Wein­reich), La mort d’une sirène (Mor­det pá en har­frue), édi­tions 10/18 n° 5 722, coll. “Grands Détec­tives”, octobre 2021, 552 p. – 8,80€.

 

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