Céleste Ibar, un nom à retenir
Céline de Roany, dans ce premier roman publié, met en scène une nouvelle enquêtrice qu’elle implique dans une affaire tragique avec une intrigue subtile à souhait. Celle-ci est une ancienne de la BRI, mutée comme capitaine de police à la PJ de Nantes. Sous des dehors froids et durs, elle cache une belle humanité et une grande souffrance liée à des événements récents que l’auteure, habilement, dévoile à petites touches.
Elle fait comprendre que la policière craint les lieux clos, a peur d’être observée. Sa jambe ne répond plus aussi facilement…
Ce samedi 25 mai, Anne se prépare soigneusement car c’est le grand jour.
En soirée, Céleste Ibarbengoetxea appelée plus simplement Ibar, maîtrise un policier qui frappe son épouse alors que Jeanne, en compagnie de son mari et de convives, termine son dîner avant de s’égailler, par couples illégitimes, dans la grande maison.
Le lundi 27 mai, Nadia, la gouvernante de Mademoiselle Anne Arnotte, une industrielle nantaise, trouve sa patronne morte sur son lit.
Céleste, nouvellement affectée au commissariat, en punition pour l’arrestation de son collègue, est chargée de cette affaire, une enquête de routine car le suicide semble évident. Elle fait équipe avec Ithri, un jeune berbéro-camerounais. Les premiers témoignages troublent les enquêteurs. Cette femme est connue pour son financement et sa participation à de nombreuses œuvres de charité qu’elle a créées. Le suicide est interdit par sa religion et elle voulait mener nombre de projets.
Et puis, quelques détails dérangeants alertent Céleste, renforcés par les découvertes de la médecin-légiste. Très vite, le crime semble évident. Céleste, au passé récent difficile, et Ithri plongent au cœur d’une société où les façades dissimulent de sombres secrets…
L’héroïne est entourée par une importante galerie de personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Et la gamme se compose de diverses couches sociales, des sans domiciles fixes à des spécimens de la bourgeoisie en passant par des ouvriers, des employés, des policiers… L’auteure anime des femmes au passé et au présent tourmentés. Chaque protagoniste est complexe, son caractère fouillé.
Le thème principal est dur car il traite de violences faites aux femmes et la romancière ne cherche pas à cacher les ravages et les souffrances du viol, les conséquences des coups.
Originaire de Nantes, Céline de Roany retient cette ville et ses environs pour proposer un récit brillamment conçu, construit, une enquête complexe aux multiples rebondissements.
Ce livre est une belle découverte qui fait souhaiter de retrouver rapidement cette héroïne attachante.
serge perraud
Céline de Roany, Les Beaux Mensonges, Les Presses de la Cité, coll. “Policier & thriller”, septembre 2021, 496 p. – 21,00 €.