Tiburce Oger & un collectif de dessinateurs, Go West Young Man

La véri­table conquête de l’Ouest américain…

En qua­torze his­toires le scé­na­riste retrace la conquête de l’Ouest amé­ri­cain. Le pre­mier récit se déroule en 1763 en Penn­syl­va­nie et le der­nier en 1916 dans la région de Chi­hua­hua.
Le fil rouge qui fait le lien d’une his­toire à l’autre est une luxueuse montre qui passe de main en main par dona­tion, vol, héri­tage, interception…

Une page d’introduction des­si­née par Paul Gas­tine ouvre l’album. Un homme désa­busé attend les ache­teurs de son ranch pen­dant la dépres­sion de 1938. Et le scé­na­riste fait avan­cer son récit dans le temps, depuis les conflits des Grands Lacs jusqu’au désert du Mexique. Défilent alors toute une gale­rie de per­son­nages où l’on trouve des trap­peurs, des pion­niers, des tri­bus indiennes, des truands de tous poils.
Les femmes occupent une belle place dans cette fresque, de l’amoureuse qui fuit la ségré­ga­tion de la Loui­siane à la mère de famille qui tente de pro­té­ger ses enfants, de la pros­ti­tuée à la voleuse qui sait se faire res­pec­ter des hommes.

Tiburce Oger reprend des grands thèmes qui ont servi le wes­tern. Mais, il prend le contre­pied de l’imagerie hol­ly­woo­dienne pour pré­sen­ter sur­tout la face noire des hommes, don­nant le vrai visage du rêve amé­ri­cain. C’est une suc­ces­sion de crimes par des gens sans scru­pules avides, à tra­vers les conquêtes, de richesses. Ainsi, la pre­mière his­toire, en juin 1763, pré­sente un major anglais qui, pour se débar­ras­ser des Wyan­dots qui assiègent un fort, veut dépo­ser dans leur cam­pe­ment, les cadavres de morts par la variole, espé­rant ainsi les conta­mi­ner par cette mala­die très conta­gieuse et très mor­telle. On a la véri­table illus­tra­tion de l’esprit anglais ! Mais le piège est éventé et un Amé­rin­dien s’empare de la montre en or du major…
Ce recueil consti­tue, mal­gré les appa­rences, un récit com­plet qui couvre 150 ans d’histoire des États-Unis tra­ver­sant les époques, un condensé de la conquête de l’Ouest.

Si Enrico Marini, ne pou­vant faire plus avec un calen­drier très chargé, ne des­sine que la cou­ver­ture, quinze autres créa­teurs par­ti­cipent à cette aven­ture édi­to­riale por­tée par les édi­tions Bam­boo. C’est ainsi que, par ordre alpha­bé­tique, on trouve les planches de Domi­nique Ber­tail, Michel Blanc-Dumont, Ben­ja­min Blasco-Martinez, Fran­çois Boucq, Steve Cuzor, Paul Gas­tine, Éric Heren­guel, Hugues Labiano, Ralph Meyer, Félix Mey­net, Patrick Prugne, Chris­tian Rossi, Michel Rouge, Oli­vier Taduc et Ronan Toul­hoat.
Il faut sou­li­gner qu’à la demande de Chris­tian Rossi tous les des­si­na­teurs ont été rému­né­rés de la même façon, quel que soit leur degré de noto­riété ou d’ancienneté.

Il ne faut pas pas­ser à côté de ce superbe album, un condensé d’histoire par la fine fleur de la bande des­si­née fran­çaise.
Il trou­vera, par exemple, une place de choix sous un sapin de Noël car il ravira autant jeunes qu’adultes.

serge per­raud

Tiburce Oger, Go West Young Man (scé­na­rio), Serial Color, Jérôme Maffre, Jack Manini, Tom Cuzor, Coren­tin Rouge (cou­leurs), Bam­boo, coll. “Grand Angle”, novembre 2021, 112 p. – 19,90 €.

 

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