Lewelyn & Jérôme Lereculey, Les 5 Terres – t.06 : “Pas la force”

Une his­toire tor­tueuse à souhait

Les 5 Terres est une série, pré­vue en trente albums, où 5 peuples ani­ma­liers, 5 races se par­tagent un monde.
Le pre­mier cycle, qui se ter­mine avec le pré­sent album, est cen­tré sur Angleon, un archi­pel dans l’océan Cen­tral. Les autres ter­ri­toires se répar­tissent aux points car­di­naux. Angleon est le royaume où coha­bitent les félins, essen­tiel­le­ment les tigres et les lions, deux espèces qui luttent pour accé­der au pou­voir. Cepen­dant, des alliances existent comme celle qui est décrite entre Mede­rion et Terys. Mais ceux-ci ont déve­lop­pés des liens plus forts que le par­tage du pouvoir.

Le roi Mede­rion, un tigre, et son Ombre Terys, un Lion, ont étouffé dans le sang la révolte des étu­diants.
Astre­lia, la fille cadette du vieux roi défunt, s’était enfuie pour échap­per à la ven­geance de sa tante. Elle a été rame­née de force mal­gré l’intervention de Kirill, un chien mer­ce­naire.
Ce sixième album débute quand Kirill, pas­sa­ble­ment défi­guré, rejoint à la nage les côtes d’Angleon. Kara, un cadet de la Garde est dégradé pour tra­hi­son alors que les étu­diants sur­vi­vants se déchirent.
Mede­rion bous­cule l’ordre éta­bli et com­mence à mettre au point un grand pro­jet pour Angleon, un plan qui bou­le­ver­sera pro­fon­dé­ment le pays… Mais les grands réfor­ma­teurs peuvent-ils mener à bien leurs programmes ?

Le pou­voir et son exer­cice, les com­plots, les tra­hi­sons, les alliances jalonnent les par­cours des can­di­dats au trône d’Angleon. Les auteurs montrent que rien n’est facile dans le gou­ver­ne­ment d’un peuple, qu’il y a des déci­sions dif­fi­ciles, cruelles, à prendre : «Aucun grand pro­jet poli­tique ne s’est jamais fait autre­ment que dans la dou­leur… ».
On mesure ainsi que ceux qui arrivent au sum­mum du pou­voir ont dû faire un nombre consé­quent d’ignominies. Il appa­raît qu’on n’arrive pas au som­met sans lais­ser un cer­tain nombre de cadavres der­rière soi. Certes, en Europe occi­den­tale aujourd’hui, ces cadavres s’entendent plus comme des indi­vi­dus blo­qués, arrê­tés dans leur propre ascen­sion, que des morts physiques.

Le des­sin de Jérôme Lere­cu­ley est tou­jours aussi fas­tueux au fil des albums. Il campe des per­son­nages avec des têtes ani­ma­lières aux expres­sions humaines du plus bel effet. Il res­ti­tue avec réa­lisme la force des pas­sions qui animent les acteurs des drames, met­tant en valeur l’expressivité des atti­tudes. En matière de décors, il use de plans larges, de vues pano­ra­miques que ce soit pour les exté­rieurs comme les inté­rieurs et res­ti­tue l’ambiance qui règne dans les lieux.
L’intérieur des cou­ver­tures est par­ti­cu­liè­re­ment attrayant car on y trouve une belle gale­rie de por­traits des prin­ci­paux pro­ta­go­nistes et une carte des 5 Terres. En bonus, une double page de textes sur Kirill du peuple chien.

Un cycle magni­fique et un album de clô­ture à la hau­teur, avec une suc­ces­sion de sur­prises dans le cadre d’une intrigue ser­vie par une par­ti­tion gra­phique de très haut niveau.

lire un extrait

serge per­raud

Lewe­lyn (David Chau­vel, Ando­ryss et Patrick Wong) scé­na­rio, Jérôme Lere­cu­ley (des­sin)&  Dimi­tris Mar­ti­nos (cou­leur), Les 5 Terres – t.06 : Pas la force, Del­court, coll. “Terres de légendes”, juin 2021, 56 p. — 14,95 €.

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