Une intrigue retorse à souhait
Via les réseaux sociaux, quelqu’un harcèle Lorraine. Il connaît bien sa vie, la menace de la tuer comme il a tué son père il y a vingt-huit ans.
Un prologue relate l’arrivée de Lorraine dans l’appartement où git Léo, l’amour de sa vie. Puis, le récit se déporte six mois plus tôt, quand Lorraine Demarsan, trente-cinq ans, s’apprête à quitter Paris pour prendre la direction de la nouvelle agence de communication pour la société crée par son père avec deux associés qu’elle appelle Les Paul.
À new York, elle veut emporter les enchères pour La Sentinelle, du peintre américano-polonais Victor Czartoryski, le tableau préféré de son père. Dans le même temps, Leo van Meegeren quitte Rickers Island, la prison où il vient de passer trois ans. C’est un faussaire capable de reproduire des Pissarro, Renoir, Van Gogh… Il retrouve son loft entretenu par sa sœur. Cependant, il a été suivi par les sbires de Royce Partridge à qui il avait vendu un faux Modigliani pour un million de dollars. Après un passage à tabac très musclé, on lui donne deux semaines pour rembourser. Sinon, on lui coupe les doigts…
Léo rend visite à son ami galeriste qui l’informe de la vente de La Sentinelle. Ils décident d’y aller même s’ils n’ont pas les moyens d’enchérir. Dans la salle, une âpre bataille oppose Lorraine à d’autres acheteurs mais elle finit par l’emporter. Léo est charmé par la jeune femme. En sortant, il la voit s’éloigner, suivie par un homme encagoulé. Intrigué, il emboîte le pas au duo et intervient quand Lorraine se fait agresser à coups de poignard. C’est le début d’une suite de rencontres où vont se multiplier les dangers…
Si l’univers pictural est au cœur du récit, l’intrigue se construit autour des menaces qui pèsent sur les deux principaux personnages et sur les liens singuliers qu’ils vont nouer.
La Sentinelle est une des pièces maîtresses qui structure l’histoire. Ce tableau avait déjà séduit, dans des conditions particulières, le père de Lorraine, un engouement qu’il a transmis à son entourage. Aussi la réapparition de cette œuvre, sa mise en vente est un enjeu pour ceux qui l’apprécient.
Outre Lorraine et Léo, ce récit met en scène une galerie de personnages bien typés, depuis les familiers de l’héroïne, les relations peu communes du peintre jusqu’aux individus interlopes qu’ils sont amenés à croiser.
Après une présentation du cadre où vont évoluer les protagonistes, le récit monte en tension. Des conséquences d’événements anciens viennent interférer avec le déroulement des parcours jusqu’à un dénouement fort bien amené et troublant.
Dans ce roman, le premier de l’auteur, celui-ci met en œuvre nombre de sentiments, retranscrit nombre d’émotions et propose des séquences périlleuses, tendues avec, toutefois, des plages drolatiques. Cet humour transparaît surtout dans des échanges entre protagonistes.
Le décor n’est pas celui de bidonvilles mais de quartiers luxueux tant à Paris qu’à New York. Les autres lieux, à l’exception de la prison fréquentée par Léo, sont à l’avenant.
L’éditeur relate la façon peu conventionnelle dont il est entré en possession de ce tapuscrit, rapidement séduit par l’intérêt de ce texte qui combine de belle manière une intrigue forte avec des réflexions sur la vie, l’amour, les regrets et la haine.
Un auteur qui souhaite rester discret sous son pseudonyme mais qui donne un roman passionnant, riche en émotions, en tension dans un cadre attractif.
serge perraud
Mark Miller, Minuit ! New York, XO éditions, juin 2021, 424 p. – 19,90 €.
Captivant voir envoûtant !
Que du bonheur … merci