Une débauche de péripéties et de rebondissements
Une imagination phénoménale au service d’un art consommé pour créer des fausses pistes, une capacité à exploiter jusqu’au bout des idées, à en tirer toutes les possibilités, donnent à Serge Brussolo, une fois encore, de livrer un récit dantesque.
Maggie oublie beaucoup de choses depuis son second AVC. Elle vient d’avoir une crise visuelle. Il ne faut pas qu’elle le dise à Ichika, sa fille adoptive, qui risque d’en parler à Daryl. Celui-ci rêve de placer Maggie en centre spécialisé. Ichika entretient des liens particuliers avec les chevaux et passe pour une déesse dans l’immense exploitation tenue par Manito, le Maître d’écurie.
Daryl est le chien de garde de Manito, il assure la sécurité du domaine. On lui prête un don, celui de détecter les mensonges, les ruses, les tromperies. On lui a d’ailleurs fait exploiter cette capacité dans un escadron noir dont il était le Veilleur, le Détecteur. Manito, un enfant des Favelas a été vendu par son père à Domingo Cavaleiro, le catcheur sacré. Il l’a accompagné dans ses tournées de combats avant que le Consortium le place dans ce haras qui n’est qu’une couverture, un endroit convoité par le Cartel du Cacique. Et soudain, l’équilibre fragile se rompt et tout s’embrase, les masques tombent et les cadavres s’accumulent…
Après avoir présenté les principaux protagonistes de l’histoire, explicitant leur position actuelle, détaillant leur passé et les raisons qui les ont amenés dans la situation qui est la leur, l’auteur rentre dans le cœur de son récit. Il dévoile les arcanes que les personnages découvrent, pour leur plus grand malheur. Il retient un décor désolé, une petite localité qu’il place près de la frontière sud des États-Unis. Il y installe une faune arrivée là sans savoir que le hasard n’y est pour rien. Il met en scène une belle entreprise à l’activité illégale mais qui suscite des convoitises.
L’auteur concocte une galerie de personnages absolument superbe dans le genre, chacun ayant un lourd passé et bien des choses à dissimuler, voire à essayer d’oublier. Avec eux, le romancier anime les principaux moteurs qui conduisent l’être humain, moteurs qui ne brillent pas par leur philanthropie, comme la trahison, la manipulation, la superstition, les croyances les plus farfelues…
Si, il a beaucoup proposé des mutations physiques que ce soit dans ses romans de science-fiction ou ses thrillers, Brussolo s’oriente de plus en plus vers des modifications psychologiques telles que la perte de mémoire, de repères, les hallucinations, les traumatismes du cerveau… tout en gardant, cependant, quelques belles transformations corporelles.
Avec Le Cavalier du Septième jour, Serge Brussolo signe un nouveau roman singulier, multipliant à l’envi actions et rebondissements pour le plus grand plaisir de la lecture.
serge perraud
Serge Brussolo, Le Cavalier du Septième jour, H & O Poche, avril 2021, 256 p. – 6,90 €.