Intrigues et meurtres dans l’Angleterre de 1471…
Après La reine de l’ombre (2019), les éditions 10/18 proposent le second volet de la nouvelle série de Paul Doherty autour de Margaret de Beaufort, comtesse de Richmond.
La Guerre des Deux-Roses, cette guerre civile, fait rage entre les York et les Lancastre pour régner sur l’Angleterre. Le premier volet se déroulait juste après les batailles de Barnet et de Tewkesbury qui avaient vu la déroute de la maison Lancastre et le renforcement du pouvoir d’Edouard IV et de ses frères, George de Clarence et Richard, duc de Gloucester.
En octobre 1471, Otto Zigler, qui a œuvré comme mercenaire pour les York, est à Londres à la tête des Sangliers, une bande d’égorgeurs et d’assassins. Quand on lui rapporte qu’une grosse cargaison de marchandises de valeur est entreposée dans un bâtiment assez mal défendu, il décide de s’en emparer. Mais l’affaire est un piège tendu par Sir Thomas Urswicke, le Grand Juge à, la Haute Cour criminelle de Londres.
S’il ne veut pas être pendu, il doit traquer les rescapés de l’escouade du Dragon rouge, des fidèles et courageux combattants entièrement dévoués à la cause Lancastre. Ils veulent tuer le roi Edward et ses deux frères.
Sur une de ses plus précieuses cogghes de combat, John de Vere, fidèle aux Lancastre, aborde la côte anglaise, de nuit, dans un endroit désert, pour débarquer quatre hommes. Cachés par des bouquets d’ajoncs, Christopher Urswicke, le clerc personnel de la comtesse, et Reginald Bray, son intendant, doivent accueillir les nouveaux venus. Alors que ceux-ci mettent pied sur la grève, une troupe de cavaliers surgit de la nuit. Deux peuvent s’échapper alors que Christopher et Réginald restent dissimulés.
Jacob Cromard a trouvé refuge dans la vieille église St Michel, près de la Tamise, dans l’enclave du droit d’asile. Il est assassiné dans les lieux. On ne relève ni effraction, ni possibilité de fuite…
Un traître est infiltré dans le proche entourage de Margaret. Elle charge Christopher Urswicke, le fils du Grand Juge, de le démasquer…
On retrouve les principaux protagonistes du premier épisode. Cette fois-ci, Christopher est confronté à un meurtre en lieu clos qu’il lui faut élucider pour confondre le traître qui met en péril toute la stratégie souterraine développée par la comtesse. Elle n’a qu’un seul but, mettre la couronne royale d’Angleterre sur la tête de son fils réfugié à la cour du duc de Bretagne, à Rennes, chez François II, avec Jasper Tudor, son oncle paternel.
Enchevêtrant intrigues historiques, et dieu sait s’il y a matière dans le genre, avec intrigue policière, Paul Doherty donne un roman dense et riche. S’il propose de mieux comprendre la succession des rebondissements de cette guerre civile, il décrit avec précision et érudition toutes les composantes de la vie quotidienne. Il détaille le fonctionnement de la société londonienne de cette époque, des palais aux bas-fonds, des manœuvres de cour aux salles de tortures en passant par le pouvoir de l’Église, le droit d’asile, la disparition authentique de Lady Anne Neville…
À travers le récit, servi par une écriture fluide, par des informations amenées de belle manière dans le déroulement d’une intrigue bien relevée, le romancier fait revivre de belle façon une époque bien particulière. Détaillé, précis, riche de très nombreuses indications sur le quotidien tant du peuple que des nobles, ce récit est vite addictif.
On ne peut que souhaiter pouvoir suivre bientôt une nouvelle aventure de Christopher Urswicke, considéré comme le fondateur des services secrets britanniques.
serge perraud
Paul Doherty, Le complot des ombres (Dark Queen Waiting) traduit de l’anglais par Elisabeth Kern, Éditions 10/18, coll. “Grands détectives”, novembre 2020, 342 p. – 14,90 €.