Un des plus beaux fleurons de la littérature !
Qui n’a pas entendu parler du Comte de Monte-Cristo, à défaut de d’avoir lu le livre entièrement ? C’est le plus célèbre roman d’Alexandre Dumas, le plus universellement connu.
Le Comte de Monte-Cristo a donné lieu à des rééditions, des adaptations cinématographiques continues, sans parler de suites, pastiches et imitations littéraires sans nombre.
En 1854, dans la première publication en recueil des Causeries, le romancier raconte que l’idée lui est venue lorsque, en 1842, il dû faire connaître l’île d’Elbe au plus jeune des trois enfants de Jérôme Bonaparte, le prince qu’il fréquente pendant son séjour à Florence.
Ils croisent, sur leur route maritime, un îlot désert du nom de Monte-Cristo. Charmé par ce nom, Dumas dit, alors, qu’il en fera le titre d’un futur roman.
Alexandre Dumas a débuté comme auteur de théâtre avec succès. Rien ne le prédestine à l’écriture de romans. Des vicissitudes l’amènent à collaborer avec Émile de Girardin qui, le 1er juillet 1836, a lancé La Presse, le premier quotidien bon marché. Celui-ci mise sur l’alphabétisation accrue des couches populaires, sur la publicité et sur l’embauche de romanciers connus. La mode est au roman historique. Le 26 juin 1836, il recrute Dumas.
Ce dernier sera, dit-il, l’inventeur du roman-feuilleton. Il écrit nombre de ces romans historiques puisque la mode est à ce genre depuis le succès des livres de Walter Scott. Il a un peu plus de quarante ans quand il compose en même temps, avec l’aide d’Auguste Maquet, Les Trois Mousquetaires qui paraissent dans La Presse et Le Comte de Monte-Cristo publié, pour les premières parties, au Journal des débats.
Pourquoi ce roman suscite-t-il un tel intérêt, un tel engouement ? Si l’on schématise, la trame est mince. L’action se déroule entre le 24 février 1815 et le 6 octobre 1838. Entre les deux dates, il se passe quelques jours de joies à Marseille, quatorze ans au fond d’un cachot, neuf ans d’errance solitaire, quelques semaines de mondanités à Rome et quelques mois de vengeance à Paris.
Il s’agit, en fait, du roman le plus complexe de l’auteur. Il présente quatre conformations différentes. Outre son côté contemporain, populaire, il se revendique comme historique et policier. Si l’on n’y voit, au premier abord, que l’histoire d’une vengeance particulièrement élaborée et artistiquement menée, il se prête à un grand nombre d’interprétations sur la toute-puissance, sur l’usage de la fortune, sur la jalousie, sur l’ambition, sur le bénéfice de représailles.
Pour rappel, le livre débute quand Edmond Dantès, un jeune marin de dix-neuf ans, arrive à Marseille sur La Pharaon. En tant que second, il a pris le commandement du voilier après la mort du capitaine, sauvant bateau et cargaison. Il vient se fiancer avec la belle Mercédès. Mais, il est dénoncé comme conspirateur bonapartiste. Condamné, il est enfermé au Château d’If. Il fait la connaissance d’un autre détenu, l’abbé Faria qui, avant de mourir, lui révèle le lieu de son immense trésor sur l’île de Monte-Cristo. Edmond s’évade en prenant la place du corps de l’abbé dans son linceul et n’aura de cesse de se venger…
Mais Alexandre Dumas, s’il donne un goût amer à la vengeance, clôt la grave crise morale par une chute politiquement bien incorrecte.
L’éditeur réintègre la totalité des 173 gravures d’Edouard Riou qui accompagnaient l’édition originale.
Le roman est complété par une introduction érudite de Claude Aziza et un dictionnaire Monte-Cristo complète ce bel ouvrage à la présentation fastueuse. Le 5 décembre de cette année correspond au cent-cinquantième anniversaire de la mort d’Alexandre Dumas.
Cette édition donne envie de se replonger dans ce magnifique récit qui n’a pas pris une ride dans son intrigue et dans son déroulement romanesque.
serge perraud
Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, Les Presses de la Cité, coll. “Omnibus”, octobre 2020, 894 p. – 39,00 €.
Merci pour cette présentation détaillée de cette édition !
Je pense que je vais l’acquérir pour le plaisir des gravures et du grand format, plus conforme à ce que le lectorat d’origine avait, quand le roman paraissait en feuilletons dans un journal de grand format.