Et si la Terre n’était qu’une énorme boîte de Petri ?
La nouvelle série cataclysmique de Christophe Bec prend des allures prémonitoires, pour certains points, quant à la situation actuelle. Si, pour l’instant, l’Humanité échappe aux pluies de cendres, elle fait face à un virus qui affecte d’abord les voies respiratoires des populations les plus faibles comme le cite le scénariste : asthmatiques, personnes âgées…
Dans l’observatoire de Washington, en 1877, Asaph Hall se désespère. Il est convaincu que Mars possède une lune, mais ne la voit pas. Encouragé par Angeline, son épouse, il passe une dernière nuit d’observation et voit, enfin, un satellite qu’il baptise Phobos.
Dans un sanatorium de Davos, en 1907, une étrange machine volante ayant la forme d’une chauve-souris arrache, pendant la nuit, les poumons d’un malade.
C’est en 1967 que les astronautes d’une mission Soyouz voient un énorme objet métallique avant de s’écraser sur terre. Les sauveteurs ne récupèrent qu’un cadavre racorni.
En 2057, à New York, Patricia, une belle et brillante jeune femme assiste à un vernissage. Elle est éblouie par les œuvres exposées et veut rencontrer l’artiste, Lemuel Jacoby. Celui-ci vit mal le bruit ambiant et s’est recroquevillé sur des escaliers. Elle engage une conversation, il explique ses maux, l’origine de son don.
C’est en août de la même année que se forment, partout sur la planète, des masses nuageuses semblables à celles des typhons qui désorganisent les communications. La température augmente provoquant une inéluctable montée des eaux, des dégâts considérables et des pertes humaines conséquentes. Puis, survient une pluie de cendres qui affecte la fonction respiratoire des humains les plus faibles, provoquant une mort rapide, voire très rapide pour certains.
La meilleure escadrille de l’US Air Force, envoyée pour percer cette couche nuageuse, découvre d’énormes structures qui génèrent ces cendres…
Dans la série, la population est menacée par un virus qui arrive protégé par les cendres. Ces étranges machines géostationnaires ne peuvent avoir été conçues que par des extraterrestres. Mais, se combinant à cette menace, le satellite Phobos commence à bouger sur son orbite et à se transformer…
Pour animer son récit, Christophe Bec propose de suivre plusieurs protagonistes qui vont concourir, bien malgré eux, à tenter d’éradiquer le danger. Outre Lemuel Jacoby, dont les capacités sensorielles se révèlent indispensables, le Dr Hannah Shaw, une scientifique spécialisée dans l’étude des virus destructeurs, le colonel Colin Gross, un ancien agent spécial, vont être mobilisés pour une mission de la dernière chance.
Le récit est structuré avec force données techniques, scientifiques authentiques, dans un processus tout à fait réaliste. L’intrigue est dense, ponctuée de nombreuses péripéties, mettant en scène une belle galerie de personnages et de situations.
Fabrice Neaud excelle dans l’art de représenter des cataclysmes. Il met en place une séduisante galerie de personnages, sachant donner à chacun la personnalité qui correspond à son rôle dans la tragédie. Il offre des scènes de l’espace, des vues superbes tant des étranges machines que des attaques contre celles-ci. Son dessin très dynamique est servi par une mise en couleurs particulièrement adaptée de Simon Champelovier.
Il faut féliciter Maximilien Chailleux, le responsable du lettrage, qui donne une belle lisibilité des bulles et des cartouches souvent bien remplis.
Avec Cendres, le premier volet du diptyque, les auteurs réalisent un album très réussi tant par la teneur et l’intensité du récit que par la mise en images.
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serge perraud
Christophe Bec (scénario), Fabrice Neaud (dessin) & Simon Champelovier (couleurs), Labyrinthus – t.01 : Cendres, Glénat, coll. “24x32”, août 2020, 64 p. – 14,95 €.