Un beau récit d’aventures exotiques
Renée Stone est une jeune romancière à succès. En 1930, elle se rend au couronnement de l’Empereur d’Éthiopie où elle fait la connaissance de John Malowan, un archéologue dont le père a été assassiné dans le pays.
En cause, une tablette assyrienne…
Pour l’heure, Renée et John sont en fuite et accostent sur une île du lac Tana, en Éthiopie. Mais, quelques heures plus tôt, ils se trouvaient en bien mauvaise posture, pris entre deux groupes qui veulent la même chose.
Se faufilant dans la crypte, ils peuvent s’échapper alors que des coups de feu s’échangent.
Renée et John comprennent qu’ils sont face à des individus qui veulent le contenu de la tablette assyrienne indiquant le lieu où est dissimulé le trésor d’Assurbanipal, le plus grand roi assyrien. Cette tablette a été empruntée au British Museum par le grand-père de John au tout début du XXe siècle, tablette dont John a pu faire une fragile copie.
Si les deux héros ne pensent qu’à rentrer vivant en Angleterre, le sort va les bousculer. Sauvés de leur îlot par Henri de Frick, un aventurier-trafiquant, et Graham Gray, un journaliste qui, sous couvert de reportages, raconte leurs aventures de façon romanesque, ils sont ramenés à Djibouti. Là, ils sont enlevés et emmenés à Bakou…
La scénariste réalise un mélange de tous les ingrédients du récit d’aventures exotiques tant pour les décors que pour la galerie des personnages qui portent cette belle intrigue. On retrouve les héros au grand cœur, des individus aux activités peu honnêtes, des agents doubles, voire triple, tels ceux que l’on retrouve dans ces grands récits ayant pour décors les régions lointaines du monde par rapport à l’Europe.
Outre les aventures débridées vécues par le couple de héros, l’intérêt de ce récit réside dans la mise en scène de personnages largement inspirés de personnalités authentiques. Ainsi, Renée Stone est déterminée par rapport à Agatha Christie, tout comme John qui vient de Max Mallowan. Celui-ci, effectivement archéologue, est devenu le second mari de la romancière.
Il en est de même pour Henri de Frick largement composé à partir de la personnalité et de la vie d’Henri de Monfried. Ce dernier fut laitier, a fui une vie conjugale étouffante pour Djibouti et est devenu négociant, trafiquants d’armes et l’auteur du célébrissime roman quelque peu autobiographique Secrets de la mer Rouge.
Alfred Theziger fut un grand explorateur n’hésitant pas à s’enfoncer dans des territoires non cartographiés. Un autre personnage qui intervient dans la seconde partie de l’album sous le nom de Anis Badian, cache le paronyme de Calouste Gulbenkian, un arménien qui fit fortune dans le pétrole. Il a rassemblé une collection d’œuvres d’art de près de 6 000 pièces dont des chefs-d’œuvre achetés au musée de l’Hermitage de Saint-Pétersbourg, dans les années 1920. Quand il faut trouver de l’argent pour continuer à alimenter leur train de vie, les politiques n’hésitent pas à dilapider ce qui appartient au peuple, à la communauté humaine.
Le dessin, riche en hachures, de Clément Ombrerie à la fois réaliste et synthétique, laisse toute latitude à l’expressivité tant corporelle qu’émotionnelle des personnages. Si la mise en page présente un découpage classique, elle fait la part belle aux protagonistes, ceux-ci étant l’élément essentiel du récit. Il en résulte des décors peu nombreux mais de belle facture.
La mise en couleur, assez plate, qui s’inspire de celle des BD des années 1950, est l’œuvre de Clément Ombrerie, Anne-Sophie Dumerge et Nicolas Bègue.
Ce second tome du triptyque est très agréable à parcourir pour les multiples rebondissements et pour le plaisir de retrouver ces aventures exotiques qui ont fait les beaux jours de générations de lecteurs.
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serge perraud
Julie Birmant (scénario), Clément Ombrerie (dessin et couleur), Anne-Sophie Dumerge (couleur) & Nicolas Bègue (couleur), Une aventure de Renée Stone – t.02 : Le Piège de la mer Rouge, Dargaud, juin 2020, 64 p. – 15,00 €.