Un roman de Steve Berry s’appuie sur des données réelles, d’actualité récente, et sur une foultitude d’informations en lien direct avec les sujets traités, avec les divers avatars de son héros, avec les décors de l’intrigue.
Le prologue se déroule en août 1982 dans le cœur de la prison Mokotów, à Varsovie, en Pologne. On oblige un jeune homme à assister à une séance de tortures à l’issue de laquelle il se déclare prêt à collaborer.
Cotton Malone a quitté Copenhague pour Bruges où se tient la plus importante foire aux livres rares d’Europe. Il fait un peu de tourisme et visite la basilique du Saint-Sang qui abrite un des reliquaires les plus sacrés de la chrétienté. L’attitude de trois individus attire son attention. Effectivement, ceux-ci s’emparent de la Sainte Ampoule, blessant le prêtre. Cotton s’élance sur leurs traces, emprunte une barque destinée à la promenade des touristes, se fait tirer dessus, plonge dans le canal laissant le bateau se fracasser et prendre feu.
C’est Stéphanie Nelle qui le sort de la cellule où il croupit depuis plusieurs heures dans ses vêtements humides. Cependant, elle n’est pas à Bruges par hasard. Elle se trouvait à l’ambassade et profite de l’occasion pour lui confier une mission. Le Saint-Sang fait partie des Arma Christi. Sur les sept, cinq ont disparu ces trois derniers mois. Deux sont encore à leur place, le Clou et la Lance.
Cotton doit voler la Lance, pièce indispensable pour que les États-Unis puissent participer à une réunion secrète et acquérir, aux enchères, des documents indispensables à leur politique extérieure.
Dans ce roman dense, aux multiples ramifications, le romancier évoque le déploiement d’un bouclier antimissile en Pologne dans le cadre de l’OTAN. Ce projet, initié par Bush, avait fait réagir la Russie et les principaux pays européens. Abandonné par Obama, il ressurgit sous une autre forme dans l’actualité très récente.
On retrouve avec plaisir les principaux acteurs de la saga. Le rappel, qui facilite grandement l’immersion dans la lecture, des principales étapes qui ont conduit les héros au moment présent, la division Magellan conduite par Stéphanie Nelle sous la protection bienveillante du président Daniels, la démission du meilleur agent, les circonstances de celle-ci et comment il est devenu libraire à Copenhague.
Le président, après ses mandats, a dû laisser la place à un nouveau que l’auteur décrit comme un incompétent de premier ordre. Il ne faut pas longtemps pour comprendre de qui il s’inspire. Il dresse un portrait catastrophique de cet individu, de sa gestion des affaires, de la constitution de ses équipes, faisant rencontrer au lecteur un spécimen de conseiller dont les seules capacités sont d’être un lèche-bottes.
Il explicite les reliques, leur origine, l’attrait qu’elles ont produit sur les centres religieux, l’émergence des Arma Christi et leur prolifération. C’est une des raisons de leur rejet par la Réforme, faisant dire à Calvin que si l’on reconstituait la Vraie Croix avec toutes les reliques elle remplirait un navire de haut bord !
L’auteur évoque l’évolution politique et sociale de la Pologne au cours des dernières décennies, décrit Cracovie et les mines de sel de Wieliczka, un des douze premiers sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Il met en scène un protocole de Varsovie, protocole de fiction, inspiré cependant de faits réels autour de Solidarnosc, de Lech Walesa et de son équipe. Le romancier instille toutes ces informations dans une intrigue tendue où péripéties et coups de théâtre se succèdent sans répit, bousculant son héros et laissant un certain nombre de cadavres sur le carreau.
Avec Les Saintes Reliques, Steve Berry signe un nouvel opus des aventures de Cotton Malone absolument passionnant.
serge perraud
Steve Berry, Les Saintes Reliques (The Warsaw Protocol), traduit de l’anglais (États-Unis) par Philippe Szczeciner, cherche midi, coll. “Thriller”, juin 2020, 480 p. – 23,00 €.