Face à une menace d’origine inconnue, il faut…
Dans cette uchronie, l’Algérie n’a conquis son indépendance qu’en 1976 à la suite d’une catastrophe à Batna qui a fait six mille morts, irradié une large portion du territoire et conduit au démantèlement des Atlas, ces robots géants mus à l’énergie atomique. Or, pour combattre l’engin mystérieux surgit de terre, baptisé UMO, il faut une arme à la hauteur de la menace.
Fabien Vehlmann et Gwen De Bonneval conçoivent un scénario solide, en prise avec une réalité tenant compte d’une géopolitique bien pensée et intégrant divers courants qui traversent les sociétés actuelles. Ils utilisent une partie des rapports historiques entre la France et l’Algérie, ces actions menées de part et d’autres à une époque pour un récit rythmé, tonique, énergique où rebondissements et coups de théâtre sont légions.
Ils mettent en scène une galerie de personnages atypiques, hautement addictifs par leurs caractères et leurs comportements.
Ismaël, depuis l’enfance, est fasciné par les Atlas, ces énormes robots propulsés à l’énergie nucléaire. Il se souvient qu’il en reste un, le George Sand, envoyé en Inde pour être démonté. Des problèmes juridiques ont bloqué son démantèlement.
Ismaël et son équipe réussissent à extraire l’Atlas du terrain vague où il croupissait pour rejoindre l’Algérie. Ils veulent combattre cette étrange machine surgit brutalement de terre dans le parc de Tassili. Or, le robot, soutenu par une grappe de ballons géants doit franchir plusieurs frontières aériennes. S’ils ont réussi à se débarrasser des Mig indiens qui les poursuivaient, leur périple peut être interrompu à tout moment.
Legoff, dit Dieu le Père, l’ex-employeur d’Ismaël, a mis un homme à lui dans le robot et pour faire pression sur son ancien adjoint, il veut s’emparer de ses proches.
Ismaël contacte Hamid, son équipier resté à Nantes, pour lui demander de mettre à l’abri sa compagne et pour trouver Françoise Halford, une journaliste qui a écrit un livre sur les robots. Il faut qu’elle informe l’opinion sur leur projet. Celle-ci vient d’accoucher, à 53 ans, d’une fille qui porte un étrange signe sur le front.
Dans l’Atlas, la tension croît, des ballons fuient, leur vitesse de progression est très lente.
Les médias relaient les faits et affichent des photos des protagonistes. C’est ainsi que d’anciens pilotes reconnaissent deux d’entre eux et décident de les rejoindre.
Mais Legoff ne désarme pas, tout comme les services secrets tant français qu’algériens. La police des deux pays commencent à traquer ceux qui, de près ou de loin, sont mêlés à cette affaire…
Les auteurs intègrent dans le cours de l’action nombre de remarques, de réflexions sur les faits de sociétés, le banditisme, les collisions entre voyous et politiques. Ils donnent une vision intéressante sur les rapports entre les pays, sur la notion de victime qui devient bourreau. Ils donnent l’exemple de la France qui a pu chercher à reproduire ce que l’Allemagne lui a fait par la force, les USA par le plan Marshall.
Ils font état de la difficile libération de la femme et glisse une jolie fable avec Le chef des organes. Et, dans toutes ces actions débridées, les auteurs glissent le début d’une romance sentimentale.
Le graphisme d’Hervé Tanquerelle, de Fred Blanchard mis en couleurs par Laurence Croix capte l’attention. Avec une mise en page classique, mais à la disposition dynamique, il offre une lecture passionnante Les portraits sont remarquables, l’expressivité des protagonistes parfaitement rendue. Les décors, s’ils sont souvent minimalistes derrière les personnages, éclairent des scènes grandioses d’extérieurs, de matériels.
Ce second volet renforce tout l’intérêt que l’on a pu ressentir lors de la découverte du premier tome, une histoire servie par un groupe d’auteurs de grand talent.
serge perraud
Fabien Vehlmann (scénario), Gwen De Bonneval (scénario), Hervé Tanquerelle (dessin), Fred Blanchard (design) & Laurence Croix (couleurs), Le dernier Atlas tome 2/3, Dupuis, mai 2020, 232 p.- 24,95 €.