Louise Candlish, Chez Nous

Un thril­ler psy­cho­lo­gique hale­tant jusqu’au bout

Premier livre de l’auteure bri­tan­nique Louise Cand­lish publié en fran­çais, Chez nous arrive auréolé du pres­ti­gieux Bri­tish Book Award dans la caté­go­rie « thril­ler de l’année » et du titre de « livre de l’année 2018 » décerné à la fois par le Washing­ton Post, le Guar­dian et le Daily Mail.
C’est dire si mes attentes étaient grandes en enta­mant ce der­nier titre des édi­tions Sona­tine publié avant le début du confi­ne­ment.
Le pitch en est par­ti­cu­liè­re­ment allé­chant. Fiona Law­son pen­sait avoir trouvé la solu­tion idéale avec son ex-conjoint depuis leur sépa­ra­tion : leurs enfants conti­nuent de vivre en per­ma­nence dans la splen­dide mai­son qu’ils avaient acquise ensemble, dans le sud de Londres, et ce sont les parents qui tour à tour viennent s’installer dans la demeure. Sauf qu’un jour, en ren­trant un peu plus tôt que prévu d’une esca­pade en dehors de la ville, Fiona découvre avec stu­peur que des incon­nus pré­ten­dant avoir acheté la mai­son sont en train d’y emmé­na­ger.
Bram, son ex-mari, censé occu­per la mai­son avec les enfants, est aussi injoi­gnable qu’introuvable. Tel est le point de départ d’une intrigue dont, bien entendu, je ne dévoi­le­rai rien de plus ici.

À l’instar des romans de sus­pense psy­cho­lo­gique, Chez nous pro­pose une nar­ra­tion maî­tri­sée et qui sait cap­ti­ver le lec­teur jusqu’au bout, jusqu’à la der­nière page même et une pirouette dans l’ultime phrase (touche d’humour noir extrê­me­ment savou­reuse et bien conçue), mais à la dif­fé­rence du tout-venant de ce genre, le roman de Louise Cand­lish pré­sente le mérite immense de ne pas faire repo­ser la clé de l’énigme sur une patho­lo­gie psy­chique : pas de per­vers nar­cis­sique, de conjoint ultra­violent sous une façade débon­naire, pas de psy­cho­pathe tapi sous les appa­rences de la nor­ma­lité bour­geoise et pas non plus de passé refoulé et retors voire tiré par les che­veux qui revien­drait han­ter les protagonistes.

Et c’est un vrai sou­la­ge­ment, car le res­sort est détendu à force d’être uti­lisé ailleurs. Non, ici les per­son­nages sont d’une bana­lité qui per­met à cha­cun de s’identifier et le drame qui se joue pro­vient seule­ment de leur médio­crité et de leur lâcheté (enfin, sur­tout de l’un d’entre eux…).
Lec­ture qui tient en haleine, Chez nous mérite à la fois le suc­cès qu’il a ren­con­tré outre-Manche et que le lec­to­rat fran­çais ama­teur de thril­ler psy­cho­lo­gique lui réserve une place de choix mal­gré la mal­chance liée aux cir­cons­tances de sa sortie.

agathe de lastyns

Louise Cand­lish, Chez Nous, tra­duit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Caro­line Nico­las, Sona­tine, mars 2020, 480 p. – 22,00 €

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Filed under Pôle noir / Thriller

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